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MANIFESTATION INTERNATIONALE DU 12 DÉCEMBRE Copenhague : Une Manifestation qui fera date

De 30 000 à 100 000 manifestants selon les sources. De l’avis de tou-te-s, beaucoup plus de 50 000. La place du lieu de départ était bondée, impossible de bouger. L’ensemble du cortège a mis plus d’une heure à s’élancer alors que nous partions sur une avenue large de 40 mètres minimum. C’est une manifestation qui fera date. Copenhague 2009 marque l’arrivée massive des mouvements sociaux dans la bataille climatique. C’est décisif. Il y aura un avant et un après Copenhague 2009.

Les militants des organisations du collectif Urgence Climatique Justice Sociale, arrivés en train ou en car ce samedi, se sont principalement retrouvés dans le “bloc” ‘System Change, not Climate Change” aux côtés de la coalition internationale Climate Justice Now !, avec les Amis de la Terre Internationaux, la Via Campesina, Jubilee South, mouvements sociaux du Sud et du Nord, Climate Justice Action, etc… Avec une double exigence d’obtenir un accord à la hauteur des enjeux et ne comportant pas de fausses solutions, tout en remettant en cause le système productiviste et capitaliste à l’origine des dérèglements climatiques, problèmes environnementaux et inégalités sociales que nous connaissons.

Comme beaucoup d’observateurs ont pu l’affirmer, le cortège était très festif et les dépêches, très alarmistes et inquiétantes, ne reflètent pas l’énergie de cette manifestation, et notamment des paysans, activistes, indigènes, syndicalistes des pays du Sud. Oui, quelques vitres ont été cassés et quelques pavés lancés, mais rien de bien méchant, et la police, et ses robocops surarmés et tendus, étaient bien les plus agressifs. Les gouvernements répressifs de nos pays (voir les dernières mesures répressives votés au Danemark) démontrent une nouvelle fois leurs refus de supporter une opposition démocratique et populaire aux politiques qu’ils mènent depuis des années et qui renforcent les dérèglements climatiques et les inégalités sociales.

Le sommet sur les changements climatiques mérite mieux que ça. Il reste une semaine de négociations et de pressions citoyennes – et notamment la mobilisation du 16 novembre à laquelle appelle le réseau Climate Justice Now – pour obtenir un accord contraignant, juste, à la hauteur des enjeux et sans fausse solution…

Par Maxime Combes


Copenhague : polémique après les nombreuses arrestations

La police de Copenhague s’est livrée à une véritable démonstration de force, samedi 12 décembre, lors de la grande manifestation demandant le meilleur accord possible sur le climat : alors que les agences de presse faisaient état d’un groupe de quelque 300 casseurs de vitrine en queue de manifestation, ce sont au total 968 personnes qui ont été interpellées et retenues par les forces de l’ordre dans des conditions décriées, avant d’être finalement presque toutes relâchées avant l’aube.

Seules 13 personnes étaient encore en détention dimanche dans le centre spécial de Retortvej à Valby, établi par la police à l’occasion de la tenue du sommet mondial sur le climat. Trois d’entre eux, deux Danois et un Français devaient être présentés dans la journée à un juge pour violences contre des policiers dans l’exercice de leurs fonctions.

« COMME DES ANIMAUX »

La coalition d’ONG Climate justice action a dénoncé des interpellations arbitraires. L’une de ses porte-parole, Mel Evans, a souligné auprès de la BBC que plusieurs centaines de personnes avaient été « menottées et gardées environ quatre heures assises dans la rue, sans assistance médicale, sans eau ni possibilité d’aller aux toilettes ». « Alors qu’il gelait, des gens urinaient sur eux, parqués en ligne, comme des animaux », a-t-elle insisté.

Un porte-parole de la police, Henrik Jakobsen, a expliqué qu’il s’agissait d’arrestations« préventives », à la suite de jet de pavés, de bouteilles et de pétards par un petit groupe de manifestants, et ce, « pour assurer que la grande manifestation légalement annoncée ne soit pas perturbée par des fauteurs de troubles ». La police a aussi fait état de la forte pression causée par le nombre d’arrestations, et de la difficulté de les recenser et évacuer rapidement, indique la BBC.

Dimanche, une nouvelle manifestation visant à bloquer une partie du port de Copenhague, à l’appel de Climate Action Justice, a été dispersée par la police, et plusieurs dizaines d’interpellations ont eu lieu.

Le Monde.fr, avec AFP

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Les politiques entrent en scène

Les négociations du sommet mondial sur le climat reprennent lundi, mais 48 ministres étaient conviés dès dimanche à des consultations informelles sur le projet de sept pages mis vendredi sur la table. « Personne n’est d’accord avec le texte dans son ensemble mais la plupart des pays y trouvent quelque chose à leur goût et sont donc prêts à l’accepter comme une base de travail », a résumé Alden Meyer, directeur de l’Union of concerned scientists, un groupe de pression américain.

A son arrivée à la mi-journée, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est déclaré « prudemment optimiste » sur l’issue de la conférence. – (Avec AFP).

* LEMONDE.FR | 13.12.09 | 15h56 • Mis à jour le 13.12.09 | 18h51.


30 000 à 100 000 manifestants à Copenhague

Au moins trente mille manifestants selon la première estimation de la police danoise, plutôt 100 000 selon les organisateurs, ont défilé samedi après-midi à Copenhague, en marge des négociations sur le climat. En terme de participation, le succès paraissait donc au rendez-vous.

Avant le départ en direction du Bella Center, site des négociations internationales situé 6 km au sud, les organisateurs ont réitéré leurs appels au calme à l’adresse des marcheurs, chaudement vêtus sous un soleil froid. La police avait précédemment mis en garde les casseurs. Plusieurs hélicoptères surveillaient la ville tandis qu’au sol, des policiers jalonnaient le début du parcours tous les dix mètres.

Mais moins d’une demi-heure après le départ du défilé, un groupe de quelque 300 manifestants resté en queue de cortège a attaqué des vitrines dans le centre de la capitale danoise, brisant notamment des vitres du ministère des affaires étrangères, selon la police. Les jeunes gens cagoulés et vétus de noir, munis de briques et de marteaux, ont également lancé des canettes de gaz. La police est intervenue sans ménagement, jetant plusieurs d’entre eux à terre. Les casseurs se sont ensuite dispersés par petits groupes de cinq à six pour rejoindre le cortège, d’où ils émergeaient ponctuellement pour briser une vitrine. Au total, a annoncé la police, quelque 400 personnes ont été arrêtées, issues « des Blacks Blocs », ces groupuscules ultra-violents qui s’étaient notamment illustrés lors du sommet de l’OTAN à Strasbourg, en avril. En fin de journée, elle a annoncé qu’un policier a été blessé par un jet de pavé et quatre voitures de particuliers incendiées.

« FAITES L’AMOUR, PAS DU CO2 »

L’essentiel de la manifestation s’est toutefois déroulé dans une très bonne ambiance. A l’arrivée, les participants n’ont pas cherché à entrer dans le Bella Center, situé à 500 mètres, où des dizaines de délégués du monde entier suivaient le défilé sur les téléviseurs installés dans les couloirs. Le cortège était hérissé de banderoles appelant à la « justice climatique », « Faites l’amour, pas du CO2 », rappelant qu’il n’y a « pas de Planète B », ou reprenant le mot d’ordre du jour : « Changeons de système, pas de climat ».

Dans la foule, Jakob Larsen, un Danois de 22 ans, estimait que « le réchauffement climatique est arrivé parce que le capitalisme ne fait attention à rien ». La majorité des manifestants étaient d’origine européenne, avec notamment des familles danoises avec enfants, des syndicalistes, étudiants ou écologistes venus de l’Allemagne voisine. Mais de nombreux asiatiques, dont quelques Chinois et Coréens, étaient également présents, ainsi que des Africains. Côté français, l’ancien leader altermondialiste José Bové a marché avec ses collègues députés européens et la dirigeante des Verts, Cécile Duflot.

Une semaine avant la conclusion de la conférence, en présence de 110 chefs d’Etat, les participants revendiquaient la signature d’un accord de lutte contre le réchauffement climatique juste et équitable pour les plus pauvres et les plus vulnérables. « Chaque année, 300 000 personnes meurent à cause du changement climatique. Ce n’est pas une question d’adaptation mais de survie », a lancé à la tribune le directeur de Greenpeace International, Kumi Naidu. « Peut-être que les grandes nations vont entendre les peuples », espérait Partemba, sherpa népalais venu évoquer la fonte des glaciers himalayens. Une veillée aux chandelles était prévue dans la soirée, avec l’ancien archevêque sud-africain Desmond Tutu.

* LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 12.12.09 | 15h37 • Mis à jour le 12.12.09 | 22h12.


Une mobilisation militante à l’ampleur inédite

Copenhague Envoyé spécial

Pour Jorn Andersen, moustache et cheveux poivre et sel, le succès est déjà au rendez-vous : « 522 organisations de 67 pays ont appelé à la manifestation de samedi. Ce sera le plus grand rassemblement au Danemark depuis les protestations contre la guerre en Irak ». M. Andersen est un des militants danois qui préparent depuis des mois ce qui sera sans doute la mobilisation la plus importante jamais vue sur le changement climatique.

La manifestation devait partir en début d’après-midi de la place du Parlement, au centre de la capitale danoise, pour rejoindre le Bella Center, à six kilomètres, où se tient la Conférence sur le climat des Nations unies. Le mot d’ordre : « changer le système, pas le climat » (system change, not climate change). Multicolore et internationale, elle réunit les associations écologistes traditionnelles (Greenpeace, WWF, etc.), mais aussi le mouvement altermondialiste réuni dans la coalition Climate Justice Now, et une coalition plus nettement anticapitaliste, Climate Justice Action.

« JUSTICE CLIMATIQUE »

Ce rassemblement marque l’élargissement de la question climatique au-delà de l’environnement, jusqu’aux questions économiques et sociales. Pour Christophe Aguiton, d’Attac, « le premier enjeu est d’obtenir un bon accord, qui reconnaisse la responsabilité historique des pays du Nord, qui n’introduise pas les mécanismes de marché dans le changement climatique, qui trouve des ressources pour le Sud. Mais il y a un deuxième enjeu : que les mouvements sociaux s’impliquent dans cette bataille pour exiger la justice climatique ».

Depuis deux jours, les militants arrivent par train, auto ou bus, logeant en appartements communautaires, dans des entrepôts aménagés, chez des amis, voire dans des caravanes. Leurs motivations sont diverses. Pour Corrina Cordon, venue de Londres, « la croissance n’est plus possible, on attend de la manifestation que le public puisse dire qu’il faut faire quelque chose pour que ça change ». Jonas Schnor, étudiant danois en théâtre, pense que « la façon dont nous vivons est mauvaise pour la planète, nous devons changer. Moi, je vivrai avec moins de consommation que mes parents ». Karine Plantier est venue de Nantes dans un bus alimenté à l’huile de tournesol. Elle vient « dénoncer » le projet d’aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

Si les Européens domineront la manifestation, la conférence de Copenhague suscite un intérêt planétaire exceptionnel. « La couverture de l’événement est très importante au Brésil, dit Andrea Fran, un journaliste brésilien, il y a même une télé qui fait une émission d’une heure par jour sur ce qui s’y passe. »

Quel impact la manifestation aura-t-elle sur la négociation ? Elle appuiera nettement la position des pays du Sud, dont elle reprend nombre de revendications. Et le mouvement continuera pendant la semaine. Lundi, le mouvement No Border prévoit une manifestation en défense des réfugiés climatiques, tandis que, mercredi 16, Climate Justice Action veut intervenir à l’intérieur même du Bella Center.

Hervé Kempf

* Article paru dans le Monde, édition du 13.12.09. LE MONDE | 12.12.09 | 13h35 • Mis à jour le 12.12.09 | 14h17 .


Du 5 au 12 Décembre, tous dans la rue !

Le 5 décembre, pour réclamer un accord contraignant, juste et à la hauteur des enjeux, des flash-mob ont été organisées un peu partout en France : Amiens, Angers, Bayonne, Bordeaux, Chambéry, Limoges, Marseille, Nancy, Nantes, Pau, Perpignan, Reims, Paris, Toulouse…

A Paris, ça s’est prolongé par des prises de parole d’internationaux des mouvements écologistes et sociaux du Sud, par le déploiement du patchwork “changeons le système pas le climat” des Amis de la Terre puis par une participation à la manifestation des chômeurs, précaires et licenciés…car sans justice sociale, il n’y aura pas de véritables solutions aux enjeux climatiques et environnementaux. Et c’est derrière notre banderole Urgence Climatique Justice Sociale que nos ami-e-s internationaux ont défilé, accompagné de nombreux militant-e-s du collectif, au rythme de chansons africaines ou philippines, de slogans sud-américains ou indiens.

Convaincus qu’il n’y aura pas d’accord climatiquement efficace et juste socialement sans une immense pression populaire, les collectifs locaux ont prévu de remettre le couvert samedi 12 décembre en écho à la manifestation internationale de Copenhague. Aix-en-Provence, Amiens, Angers, Bayonne, Bordeaux, Briançon, Caen, Evreux, Clermont-Ferrand, Grenoble, La Rochelle, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes (action sur la tour de Bretagne), Perpignan, Royan, St Nazaire, Toulouse…les initiatives vont se multiplier. Tous les détails ici.

La droite sarkozyste n’en a pas moins perdu ses mauvaises habitudes. Ainsi, après une journée de mobilisations bien réussies à Bayonne – voir le CP de Bizi ! – des drapeaux aux couleurs de l’association et exigeant un accord contraignant avaient fleuri aux balcons. Ce lundi 7 déc, jour d’ouverture du sommet de Copenhague, le maire UMP de la ville a mobilisé les services de la mairie pour faire enlever, contre l’avis des habitants, les banderoles et autres affichettes. Comme le dit Bizi ! , “ce geste ahurissant montre à quel point, entre les appels à la mobilisation citoyenne contre le réchauffement climatique de Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo (président du Parti Radical dont Jean Grenet est le représentant Bayonnais), et la réalité de leurs politiques quotidiennes et concrètes, le décalage est grand“.

Par Maxime Combes


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