À propos de ce numéro
Le rapport à l’esthétique, au politique, au commun, à la diversité des formes d’expression artisticopolitique n’a cessé de nous questionner dans ce dossier. Le printemps rouge des étudiantes et des étudiants est venu raviver ce souffle contestataire, nous invitant de nouveau dans « la beauté de la colère », le refus du paternalisme étatique, l’effervescence de la création dans la reconquête des espaces publics, la beauté d’exister en ces temps postréférendaires. De Speak white à Speak red, l’histoire d’une révolte créative se dresse encore, reconfigurant irrémédiablement les pourtours d’un monde à construire, à parfaire.
Table des matières
DOSSIER – LES TERRITOIRES DE L’ART. ART ET POLITIQUE
Introduction au dossier
Ariane Bilodeau, Stéphane Chalifour, Yannick Delbecque, Anne-Marie Le Saux et Judith Trudeau
Tableau 1. Rencontres, paroles libres :
dans les interstices de l’art et du politique
– Un nouveau paradigme
Entrevue avec Nathalie Heinich
Stéphane Chalifour
– David Fennario persiste et signe
Entrevue avec David Fennario
John Bradley
– Bolcheviki, pièce de théâtre (extrait)
David Fennario
– Champ et contre-champ
Dialogue sur la rencontre entre art
et politique
Judith Trudeau et Érik Bordeleau
– Micro-interventions artistiques : pour une pratique artistique de l’espace habité
Entrevue avec Steve Giasson
Anne-Marie Le Saux
Tableau 2. Théorisons encore… résistances et esprits libres
– L’art et la politique : une réflexion sur l’œuvre de Jacques Rancière
Emanuel Guay
– Les deux temps des arts visuels en démocratie : l’humanisme démocratique de l’art moderne et la démocratie praticable de
l’art contemporain
Pierre Robert
– Musique et modernité : portrait d’une relation problématique
Nicolas Masino
– I Like Jazz (1984-1986). Pour mémoire
Michel Ratté
– Cinéma québécois et identité nationale : de l’enracinement à l’exode
Claire Portelance
– Cecilia Mangini et Pier Paolo Pasolini :
des oubliés du pouvoir au fascisme
à chemise blanche
Julie Paquette
– Réflexion situationniste sur l’art révolutionnaire et l’art capitaliste
David Beaudin Hyppia
Tableau 3. L’art libre, les communs et l’autonomisation
– Culture hacker, hacks et création :
création politique et politique de la culture
Yannick Delbecque
– L’art libre, un réalisme poétique
Antoine Moreau
– Subversion pornographique féminine dans
la fanosphère : survol et enjeux
Lila Roussel
– Art féministe. Le corps, outil d’émancipation, de transgression et de décolonisation
Ariane Bilodeau
Tableau 4. La liberté en actes
– La pensée des gouffres : le poème,
témoin de l’histoire
Vincent Filteau
– Mains-d’œuvre. Notes pour un écomusée
de la pensée artisanale
Robert M. Hébert
– L’affiche politique : vecteur de la
protestation sociale
Majorie Dufort-Cuccioletta
– Deuxième génération, slam
Queen Ka
BILAN DE LUTTES
– Ni déni ni police : réagir aux agressions sexuelles dans le mouvement étudiant.
Le cas de l’AFESH de l’UQAM
Esther Paquette
PERSPECTIVES
– Les prochaines étapes de Québec solidaire. Vers un parti hybride ?
Simon Tremblay-Pepin
– Le Québec et les Premières Nations.
Les deux souverainetés sont-elles réconciliables ?
Ben Powless
– Réinventer l’économie, réinventer nos vies
Anna Kruzynski
– Les intellectuels et les médias
Fábio Henrique Pereira
– Bref retour sur l’expérience d’En lutte!, groupe radical des années 1970
Yves Rochon
– Décoloniser le « nous » de la gauche souverainiste
Rosa Pires
NOTES DE LECTURE
Lisez quelques extraits de ce numéro ci-dessous.
Slam
Par Queen K
Le slam ou la poésie des « rues », tout comme le rap ou le graffiti, est une forme d’expression artistique des temps modernes, une nouvelle forme d’exutoire, un art oral qui se déclame dans des lieux publics sous forme de joutes oratoires. Par sa puissance évocatrice, son engagement inhérent, son travail sur la langue, la slam démocratise la poésie en lui assurant un chemin plus immédiat dans le public, et in extenso, dans la société. Par la voix des slameuses et des slameurs, la poésie retrouve sa force d’action primitive et le public renoue avec la célébration. C’est un mouvement artistique porteur de valeurs telles que l’ouvertured’esprit, le partage, la liberté d’expression et le dépassement des barrières sociales.
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L’affiche politique : vecteur de la protestation sociale
Par Marjorie Dufort-Cuccioletta
Au début du printemps 2012, près de 300 000 étudiantes et étudiants délaissent les bancs des universités et des cégeps pour descendre dans la rue contre la hausse des frais de scolarité universitaire, et dénoncer les effets délétères du néolibéralisme et des politiques d’austérité. Les étudiants critiquent également la démocratie représentative et mettent de l’avant la démocratie directe et participative. Comme d’autres grands mouvements sociaux (on peut penser au mouvement contre la guerre du Vietnam aux États-Unis dans les années 1960), le Printemps érable a reposé sur une vaste mobilisation de catégories sociales et d’organismes communautaires. Parallèlement ont proliféré des pratiques artistiques multiples où l’art s’est fondu dans les mobilisations, tentant de donner un sens à la vie quotidienne et d’outiller les actrices et les acteurs dans leur rôle d’éducateurs, d’animateurs et d’organisateurs.
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Culture hacker, hacks et creation, creation politique et politique de la culture
Par Yannick Delbecque
La numérisation graduelle de l’information de toute nature, la globalization des canaux d’échanges d’information numérique et l’accès grandissant aux outils informatiques pour traiter et produire cette information ont eu un impact indéniable sur l’ensemble des activités humaines. Les processus et les échanges
créatifs ont aussi été influencés par ces changements technologiques. L’accès aux premiers ordinateurs a donné naissance à une culture dite « hacker », centrée sur l’exploration créative de leurs possibilités. Cette culture est celle des hackers et des autres bidouilleurs informatiques de tout acabit. La curiosité et l’inventivité des hackers ont contribué de manière importante au développement
de l’informatique et d’Internet.
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