Les socialistes et l’État

La prochaine université populaire des NCS (21-23 août 2015) aborde plusieurs thématiques sur la question de la transition postcapitaliste, dont celle de l’État

Aujourd’hui, les mouvements populaires tentent de surmonter la contradiction apparente entre la nécessaire destruction de l’État et l’institutionnalisation de mécanismes par lesquels la société peut se réguler. Fondamentalement, l’État, pas plus que le capitalisme, ne peut être privé d’autorité. Il repose sur des rapports sociaux complexes dont il articule les modes d’organisation et régule les alliances de classes. L’abolition de cet outil, comme celle du capitalisme, est une œuvre de longue haleine qui requiert l’essor de nouveaux rapports sociaux, tel que l’évoque Marx :

Dans une phase supérieure de la société communiste, lorsqu’auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail, et, avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail corporel, lorsque le travail sera devenu non seulement le moyen de vivre, mais vraiment le premier besoin de la vie, alors seulement l’étroit horizon du droit bourgeois pourra être complètement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins ».

Aujourd’hui, les nouvelles explorations partent de l’idée qu’il faut éviter une trop grande étatisation de la société dans le cadre d’une transition vers le socialisme. Mieux vaut diminuer et contrôler le contrôle étatique et élargir le cadre politique permettant aux acteurs de la société d’intervenir. On parle alors, selon David Harvey, de « systèmes de coordination entre des collectifs de producteurs et de consommateurs organisés de manière autonome, structurés en réseaux horizontaux et non plus en système hiérarchique de décisions descendantes ». Ceci peut être facilité, toujours selon Harvey, par les nouvelles technologies de la communication.

Certes, cela dit, un État conduit dans une perspective socialiste doit disposer des leviers essentiels, avoir une capacité d’orienter les « hauteurs dominantes » de l’économie (le système financier par exemple), ce qui implique de l’arracher des mains des classes dominantes. On ne peut pas s’échapper, « fuir » l’État comme s’il existait à « l’extérieur » des luttes de classes. « Naviguer » dans cet État, éviter les nombreux écueils, c’est l’art de la politique. D’autres innovations sont nécessaires pour élargir la participation des masses à l’exercice du pouvoir autrement que selon le mode traditionnel (et partiel) de la représentation. Les exercices de décentralisation du pouvoir au niveau local, l’ouverture des processus de décisions concernant l’allocation des ressources (les « budgets participatifs »), la mise en place de mécanismes pour imposer la rotation des preneurs de décisions et la reddition de comptes sont autant de tentatives visant à définir un État qui n’est plus un lieu « extérieur », coupé des masses.

 

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