La décroissance passe le CAP
Un lancement du numéro sur la décroissance a eu lieu à Montréal au Bar « les Pas Sages » le 5 octobre, avec de bonnes discussions animées par Yves-Marie Abraham, Andrea Levy, Louis Marion et l’éminent professeur Rodolphe de Koninck. Deux autres lancements auront lieu à Gatineau et à Ottawa le 24 novembre. Merci aux responsables de ce numéro, notamment Andréa et Louis, et Yves-Marie Abraham.
PROCHAINE ASSEMBLÉE DES NCS
La prochaine assemblée aura lieu le jeudi 10 décembre à 19 h, au lieu habituel (CSN). À l’ordre du jour :
- Où en sommes-nous avec l’automne « chaud »? Quels ont été les points forts des mobilisations? Et les points faibles? Que faire en cas de lois spéciales? À quoi s’attendre du côté du gouvernement Couillard?Première ébauche du projet de l’université populaire de 2016.
- Première ébauche du projet de l’université populaire de 2016.
- Les universités populaires des NCS en région.
- Propositions de réorganisation pour la revue et prochains numéros des NCS.
- Acceptation de nouveaux membres.
Ayez la gentillesse de nous prévenir si vous ne pouvez pas participer pour ne pas retarder la réunion. Envoyez un message à Édouard : edouardlavalliere@yahoo.fr
Les Comités
Réunion du comité d’organisation de l’université populaire 2016
Une rencontre a « débroussaillé » le projet de la prochaine université populaire des NS. Sur quelques thèmes voulons-nous travailler ? Avec qui ? Et de quelle manière, tenant compte du contexte (l’université aura lieu dans le cadre du Forum social mondial), pourrons-nous atteindre nos objectifs d’éducation populaire et d’élaboration des stratégies? La rencontre a eu lieu le jeudi 5 novembre. Un rapport sera fait à la prochaine assemblée le 10 décembre.
Réunion du comité de rédaction permanent
Ce comité de rédaction permanent a deux fonctions très importantes :
- Superviser la production de chaque numéro (finalisation des manuscrits, édition, mise en page, impression, diffusion, etc.) : bref, tout le travail pour mettre la revue en forme!
- Penser et repenser la formule, l’améliorer, éventuellement innover, pour rendre les NCS plus attrayants et plus utiles.
- Chaque année, le comité se réunit pour un « brainstorming » global pour discuter :
- Des éléments de bilan (ce que nous avons fait et ce que nous n’avons pas fait).
- Des éléments de perspectives, incluant des changements, des innovations, etc.
Vous voulez connaître les détails, vendredi 13 novembre, à 18 h. Tous les membres des NCS sont invités. Pour plus d’information concernant l’ordre du jour et le lieu, contactez Flavie Achard : fachard@sympatico.ca
Prochains numéros en marche
Plusieurs numéros prévus à partir de 2017 sont en production; si cela vous intéresse d’y participer, contactez Flavie :
- La démocratie (est-ce que le socialisme et la démocratie sont solubles sachant que le capitalisme et la démocratie ne le sont pas vraiment !) (coordonné par Michel Roche et Stéphane Chalifour)
- Les enjeux du mouvement syndical (coordonné par Hubert Forcier)
- La gauche et la question amérindienne (coordonné par Geneviève Beaudet et Julien Vadeboncoeur
- Les enjeux du mouvement communautaire (l’équipe est en formation).
Mini dossier : que faire après Harper ?
Justin et la démocratie « people »
Jonathan Durand Folco
On peut se le dire sans hésiter avec la défaite des conservateurs : bon débarras! L’attitude austère et autocratique du gouvernement Harper, caractérisée par le mépris de l’opposition parlementaire, des revendications de la société civile et des journalistes, fait maintenant place à un nouveau régime de l’hyperprésence, de l’enflure médiatique et d’un discours empathique. Du populisme conservateur, on passe à la « peopleisation » et la « positive politics ». Pour remédier à la « crise de la représentation » et à la perte de confiance envers les élus, Trudeau propose la légitimité de proximité qui converge avec l’obsession des médias sur les vedettes et leur vie privée. On réduit la distance entre la loi, les situations particulières, les représentants et les gens ordinaires. Bien qu’ancienne, cette logique atteint maintenant un paroxysme. Au lieu d’une démocratie participative et délibérative, on a un rapprochement physique et empathique visant à combler symboliquement les attentes déçues de la population. Quelques questions pour nous : Faut-il battre Justin à son propre jeu, en redoublant d’ingéniosité pour augmenter la popularité d’une vedette concurrente qui saura séduire les électeurs en vue du prochain scrutin? Devons-nous plutôt miser sur une revalorisation d’idéaux politiques bien établis pour opposer à une forme vide un contenu plus substantiel, quitte à redoubler d’efforts pour convaincre les indécis de la pertinence d’un projet alternatif basé sur la gauche ou l’indépendance? Et si le problème n’était pas tant une affaire d’idéologie ou de programme, mais bien une question de façons de faire, de manières d’agir au-delà du cadre électoral? Comment garder le sens même de l’action politique et de la démocratie?
La fin de la question nationale ? Pas vraiment
Michel Roche
Les porte-paroles fédéralistes interprètent les résultats des dernières élections comme un autre clou dans le cercueil du projet indépendantiste. Même si les résultats du Bloc interdisent d’avancer que la libération nationale progresse inexorablement, il faut éviter de conclure trop vite. De même, l’élection de 40 députés libéraux au Québec n’autorise aucunement à parler de vague rouge. Il existe 14 circonscriptions anglophones et allophones acquises depuis longtemps au PLC, pour des raisons évidemment liées à la question nationale. Sur les 26 restantes, 9 ont permis au candidat libéral de se faufiler avec moins de 35 % des voix. Cette mise au point vaut pour les autres partis : la moitié (8/16) des néodémocrates ont obtenu 35 % ou moins, comme 70 % des bloquistes et 50 % des conservateurs. Au total, dans 30 des 78 circonscriptions – toutes francophones –, les députés ont été élus avec 35 % des voix ou moins. Tout cela illustre bien les distorsions schizophréniques d’un système électoral qui force plusieurs électeurs et électrices à « voter stratégique » plutôt qu’en fonction de leurs convictions les plus profondes. Selon un récent sondage [Le Devoir, 28‑10-2015], 36 % des Québécois répondraient OUI à une question calquée sur celle qui a été posée pour le référendum écossais. Pourtant, quelques jours plus tôt, le Bloc québécois obtenait à peine plus de la moitié de ce pourcentage. La volonté de se débarrasser du gouvernement Harper a certes joué un rôle important dans la dispersion du vote indépendantiste dont on peut présumer qu’elle a surtout servi le NPD. Mais cette explication ne suffit pas. Le déclin du Bloc se constate depuis plusieurs élections, ce qui est lié au report répété d’une consultation populaire sur l’avenir du Québec de la part du PQ. En l’absence d’affrontement sur le statut du Québec, une part croissante de l’électorat se détourne de la question nationale au profit d’autres enjeux (politiques sociales, questions environnementales, politique étrangère, problèmes de démocratie, etc.). Si la question nationale redevient un enjeu immédiat, le Bloc reprendra son envol et pourrait même s’enrichir du passage dans ses rangs de députés du NPD. Autrement, il disparaîtra. Par ailleurs, la situation pourrait évoluer en fonction des politiques du gouvernement Trudeau. À ce sujet, il est assez facile de prévoir que ce dernier demeurera imperméable à toute idée de « réforme » de la constitution, d’autant plus que le gouvernement Couillard ne risque pas de le faire bouger. Le blocage anti-Québec à Ottawa et l’offensive tous azimuts de Québec contre les institutions et mesures progressistes acquises de haute lutte pourraient faire converger à nouveau le « social » et le « national ». Il faut l’espérer.
Se préparer aux prochaines batailles
David Bush et Doug Nesbitt
La situation politique crée depuis la défaite de Harper des opportunités pour la gauche et le mouvement syndical au Canada dit anglais. Voici quelques pistes pour la mobilisation et l’organisation à la base qui nous proviennent de nos amis torontois, les syndicalistes Bush et Nesbitt
Sauver les Postes!
Les Libéraux ont promis de mettre un terme, temporairement, au démantèlement des postes, sans s’engager à long terme. De notre part, il faut développer un mouvement populaire pour le maintien du service postal. Peut-on penser à occuper certains bureaux de députés libéraux pour leur rappeler le message? Tout le mouvement syndical doit se s’impliquer, car une défaite des postiers serait un coup très dur contre tout le monde.
Contre les législations antisyndicales (lois C-377 et C525)
D’ici quelques semaines, les syndicats tiennent des congrès provinciaux en Ontario, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse : quelle belle occasion pour confronter le nouveau gouvernement et rappeler aux élus du PLC qu’ils avaient promis de revoir ces lois.
Le salaire minimum à 15 $
Durant la campagne, Trudeau n’a rien dit sur la nécessité de relever le salaire minimum pour des centaines de milliers de bas salariés, ce à quoi s’opposent mordicus ses amis au sein des gouvernements provinciaux. Il faut relancer le débat sur la question de l’inégalité dans ce pays.
Le Partenariat Trans-Pacifique
Le nouveau gouvernement, dans la lignée d’un PLC pro « libre »-échange, est favorable à ce projet négocié par Harper. Le PTP va durement affecter certains secteurs (l’automobile et l’agriculture) et renforcera les capacités des multinationales pour contrôler davantage les droits d’auteurs, les brevets et l’internet. Le PTP doit être contesté dans la rue!
Changements climatiques
La plateforme libérale est claire : en faveur du pétrole sable et de son exportation via les pipelines! Face à la prochaine conférence COP-21, Trudeau n’a pris aucun engagement. Il faut lutter pour une économie sans carbone.
La gauche face au NPD
Richard Fidler
Au Québec, le vote pour le NPD est passé de 43 % en 2011 à 25,4 % le 19 octobre dernier, d’où les 16 sièges gagnés. En %, le vote pour le NPD au Québec est aussi important que celui obtenu en Colombie-Britannique et plus important que partout ailleurs au Canada. Il faut également observer que les principales pertes du NPD au Québec l’ont été dans les comtés où le vote non francophone a été le plus important, majoritairement pour le Parti libéral. Selon des calculs approximatifs, le NPD a reçu l’appui de 30 % des francophones. Au total donc, on peut donc dire que le NPD possède une solide base au Québec. Pour sa part, le Bloc Québécois a démontré, dans le sillon du débat sur le niqab, qu’il ne peut plus prétendre être un parti progressiste. D’ailleurs cette année, aucune centrale syndicale ne l’a endossé, préférant appeler à un vote « stratégique » pour renverser Harper (en pratique, la FTQ a appelé à voter pour le NPD dans les comtés qui n’étaient pas aux mains des conservateurs). De l’autre côté, le NPD a des points faibles : peu de membres notamment. D’autre part, du fait que Mulcair reste à peu près le seul à prendre la parole, l’identification du parti au chef est problématique, du fait de son hostilité à la souveraineté et aux droits imposant la prédominance de la langue française. Par ailleurs, on ne sait pas si la menace évoquée par Mulcair avant l’élection concernant la mise en place d’un NPD provincial sera réalisée. Quelles sont les options donc pour la gauche? Des militant-es affirment la nécessité de « construire une alternative politique à la gauche du NPD, capable de présenter à la majorité populaire dans l’État canadien un autre projet de société permettant de porter sur le terrain politique les luttes populaires, contre l’austérité, la crise écologique,» (voir les textes publiés sur Presse-toi à gauche). Le débat continue (voir à ce sujet mes contributions sur mon blogue, Life on the Left).
L’ère de l’absurde
Benoît Renaud
Tout comme l’élection de PKP à la tête du PQ démontrait l’absurdité de la doctrine affirmant que l’indépendance n’est « ni à gauche, ni à droite », l’arrivée de Tom Mulcair comme chef du NPD constituait une illustration extrême de la stratégie des dirigeants de ce parti consistant à viser le centre de l’échiquier politique pour prendre la place des libéraux. Mulcair incarne sans équivoque ce nationalisme canadien modérément progressiste qui constitue le centre mou du paysage politique. D’un côté comme de l’autre, la perte des points de repère qui définissaient des projets politiques substantiels (libération nationale ou justice sociale) a créé un énorme espace que vient de combler, au niveau fédéral, un PLC renouvelé qui a osé faire campagne contre l’austérité.
Certes, l’acceptation soudaine des déficits par les libéraux (tant lors des récentes élections ontariennes que pour celle du 19 octobre) n’est que de la poudre aux yeux visant à faire oublier leurs politiques passées de compressions budgétaires et de privatisations comme leur engagement historique en faveur des grandes entreprises et des plus riches. Toutefois, en pratique, la perception (bien avant l’incident du niqab) est pour le moment à l’effet que le NPD a été « dépassé sur sa gauche ». La position mi oléoduc, mi bélugas du NPD à propos d’Énergie-Est a nourri les premières semaines de la campagne du Bloc. Puis, les coups combinés des conservateurs et du Bloc, tablant sur le rejet instinctif que provoque un bout de tissus exotique dans une partie de la population, ont fini de dégonfler le ballon orange. Tout au long de la campagne, comme le montre bien l’analyse des sondages, les appuis aux libéraux ont augmenté, pendant que ceux du NPD déclinaient et que les conservateurs d’accrochaient à leur base traditionnelle.
À côté d’un NPD au discours vide de sens, Trudeau a donné l’occasion aux nationalistes canadiens ordinaires et apolitiques de choisir la copie (génétique) plutôt que la copie (carbone, sur papier orange). Son gouvernement aux contours flous donne l’occasion à toutes les organisations d’essayer d’avoir une emprise sur un caucus perméable. Le contraste avec la bêtise droitière des conservateurs est sans doute une amélioration, mais la classe capitaliste canadienne sait qu’elle peut compter sur les libéraux pour ce qui importe vraiment, c’est-à-dire préserver leur capacité à accumuler du capital en pillant les ressources et en pressant le citron de l’exploitation. N’oublions pas que les libéraux ont appuyé sur presque tous les conservateurs, en les critiquant de temps en temps et encore, du bout des lèvres. Ils ont même critiqué le régime Harper pour avoir trop peu dépensé dans l’équipement militaire! S’il y a un antidote à la politique-spectacle de Trudeau, cela ne viendra pas d’un renouveau du PQ-BQ ou du NPD. Le retour du réel dans la vie politique va devoir passer par les luttes et la dynamique des mouvements populaires. C’est de là qu’est sorti Québec solidaire et dans le reste du Canada, de plus en plus de militantes et de militants constatent qu’un nouveau départ est nécessaire. La convergence entre ces forces fragmentaires devra se faire contre l’État et non pour sa sauvegarde, sur une base anticoloniale et de solidarité internationale.
ESPACE REFLEXION
Que sait-on de la crise qui vient ?
Par Michel Husson
Depuis quelques mois, les pronostics alarmistes se multiplient. En effet, la croissance mondiale ralentit, principalement dans les pays émergents. Ce phénomène s’autoalimente avec la baisse du prix des matières premières et se transmet aux pays avancés. Le commerce international ralentit lui aussi, au même rythme que le PIB mondial, comme si la mondialisation productive avait atteint un plafond. Du côté de la « sphère financière », les politiques monétaires accommodantes ne réussissent pas à mordre sur l’activité réelle et nourrissent l’inquiétude des marchés financiers qui ont déjà conduit à des crises de paiement dans les pays émergents dont ils se retirent brutalement. Bref, « l’incertitude et des forces complexes pèsent sur la croissance mondiale », pour reprendre la formule du FMI. La gestion de la crise, dont nous ne sommes pas vraiment sortis, est menée selon deux principes essentiels : ne pas solder les comptes (les « séquelles ») et reconstituer le modèle néolibéral d’avant-crise, en cherchant à en contrôler les effets les plus délétères. Il s’agit en pratique de garantir les droits acquis par le « 1 % » et la liberté d’action des banques et des multinationales, mais il n’est pas possible de revenir au modèle d’avant-crise. Le trait le plus important et le plus lourd de conséquences est sans doute l’incapacité de reconstituer la « Chinamérique », autrement dit l’axe qui structurait l’économie mondiale avant la crise. La Chine est entrée dans une phase de transition, certes difficile, vers un modèle de croissance centré sur la demande intérieure, et les États-Unis ont pu réduire leur déficit commercial, en partie grâce à leurs nouvelles sources d’énergie. Cette rétraction, avec ses effets collatéraux sur les pays émergents et l’Europe, déséquilibre toute l’économie mondiale. Une nouvelle crise semble donc à peu près inévitable, même s’il est difficile de discerner où se trouvera le point de rupture (bourse, banque, changes ?). Chose certaine, de profondes contradictions structurelles risquent d’exploser.