Les crises du capitalisme
par Karl Marx, préface de Daniel Bensaïd
Ed. Démopolis, 2009, 204 p., 14 euros.
C’était évidemment une bonne idée : ressortir les textes d’un grand ancêtre. De nouveau, le capitalisme renoue avec l’un de ses démons favoris : la crise économique et financière. Et Karl Marx, à la suite de la crise de 1857 (dont Friedrich Engels, qui travaillait alors dans la firme textile familiale, à Manchester, lui donnait un récit concret dans ses lettres), avait ramassé nombre de notes qui devaient, à ses yeux, constituer le brouillon du livre IV du Capital, largement consacré aux crises. Mais ces notes ne paraîtront qu’en 1905, bien après la mort de Marx, dans une version revue (et sans doute modifiée) par Karl Kautsky, sous le titre Théories sur la plus-value.
Ce sont des extraits de ces notes, dans une traduction nouvelle de Jacques Hebenstreit, qui nous sont proposés ici. Le lecteur y trouvera l’essentiel des analyses des crises proposées par Marx : la disjonction entre production et demande (contrairement à ce que prétendait Jean-Baptiste Say), les rythmes différents de rotation du capital fixe et du capital circulant, la « loi de la baisse tendancielle du taux de profit ».
Le préfacier a rédigé un texte aussi long que les extraits, dans lequel, non content de présenter l’actualité de ces thèses, il tape à bras raccourcis sur les positions socialistes, avance les siennes (en fait celles du NPA) et soutient l’idée que seul l’anticapitalisme est susceptible de nous apporter une vraie solution. Sauf que l’on ne sait trop si cet autre système pourrait fonctionner, ni comment il pourrait permettre de vivre mieux. Bref, on aurait pu se passer d’une bonne partie de la préface. Mais (re)lire les grands ancêtres n’est jamais inutile.
Denis Clerc
* Alternatives Economiques – n°283 – Septembre 2009