En mars 2008, les directions syndicales ont conclues un pacte pour l’emploi avec le gouvernement québécois qui nécessite un débat plus important que celui qui a eu lieu l’an dernier. Ce qui est défini comme un projet de société de la part des promoteurs de ce pacte est dans les faits un programme médiocre de formation sous payé aux sans-emploi québécois. Alors qu’on a forcé la réintégration des sans-emplois de manière successive depuis l’adoption de la loi 37 en 1990, on cherche encore aujourd’hui à faire travailler les immigrants-es, les handicapés et les personnes âgées. En fait, l’objectif général est d’accroitre le taux d’activité pour surmonter la croissance négative de la population québécoise en 2030. Et en ce qui concerne les personnes âgées, il faut augmenter le taux d’activité des personnes âgées entre 60 et 64 ans. 37% au Québec en 2007 alors qu’il est de 57% en Alberta.
Tout en favorisant un engagement en faveur de la formation professionnelle, le Pacte pour l’emploi favorise une solution adaptée aux entreprises ayant des postes vacants à pourvoir, ainsi qu’à celles qui souhaitent améliorer leur productivité par la formation et le développement des compétences. Il n’y a qu’un pas à franchir pour parler de consolidation d’une armée de réserve comme certains l’ont souligné. Et cette consolidation de l’armée de réserve se fait, sans surprise, sur le dos des sans-emploi qui vont participer à ce programme pour une augmentation de 180.00$ par mois.
Cet appui des trois centrales syndicales à ce Pacte pour l’emploi n’est pas qu’un appui de principe puisque les organisations régionales rattachées à ces centrales mettent la main à la pâte d’une manière intense pour la réalisation de ces projets d’insertion. Et malgré des critiques nombreuses de la part de groupes de défense des droits sociaux, ces organisations maintiennent le cap sans aucune remise en question.
Par ailleurs, cet appui à ce Pacte pour l’emploi peut être considéré comme une régression politique dans un contexte de crise financière majeure. Ce pacte favorise une plus grande productivité pour accroître la consommation et améliorer d’une manière générale le niveau de vie des québécoises et des québécois. Or, il existe une autre manière de se mesurer à la crise : par des mesures étatiques protégeant les revenus des travailleurs et des travailleuses sans pour autant subordonner l’ensemble des ces avoir au travail. Certaines directions syndicales comme la CSN sont justement sur la bonne voie en revendiquant une étatisation des régimes de retraites pour protéger la société québécoise des contraintes de la crise financière. Les directions syndicales nationales et régionales devraient poursuivre sur cette voie plutôt que de dépenser leur énergie dans des structures de concertation qui sont détachées des véritables enjeux économiques et sociaux que nous aurons à vivre prochainement.