C’est suite à un compromis sur les importations de fromage européens et les exportations de bœuf canadien qu’une entente de principe vient de survenir dans les négociations de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, annonce t‘on. Le contenu de cette entente, qui n ‘a pas été dévoilé jusqu’ici, est présentement entre les mains des provinces pour approbation. L’alarme est lancée. Le gouvernement Marois laissera-t-il le gouvernement Harper sacrifier les fromages québécois, un fleuron de notre économie, au profit du bœuf de l’Ouest ?
Cet accord est l’aboutissement de plus de quatre années de négociations, tenues secrètement, auxquelles a participé un représentant québécois, l’ex-premier ministre péquiste Pierre-Marc Johnson nommé par le gouvernement Charest et dont le mandat a été reconduit par le gouvernement Marois. C’est un déblocage sur les questions agricoles qui l’a rendu possible. Notamment, les importations totales de fromages libres de droits de douane au Canada passeraient d’environ 20 000 tonnes à 37 000 tonnes. L’entente a déjà été dénoncée par la Fédération des producteurs de lait du Québec parce que des 17 000 tonnes d’importations supplémentaires 16 000 tonnes seront des fromages fins, un domaine où les Québécois occupent actuellement 60% du marché.
Que fera maintenant le gouvernement Marois? Le minimum est qu’il rende le texte de l’accord public et qu’il engage un large débat dans les meilleurs délais avant que ne survienne sa ratification, urgent les altermondialistes du Réseau québécois sur l’intégration continentale. Et j’ajoute : Autrement, il prouvera définitivement que la gouvernance souverainiste, qui a servi de fer de lance au Parti québécois lors de la dernière campagne électorale, n’est qu’un hochet destiné à calmer les militants de son aile progressiste qui rongent de plus en plus leur frein.
On se rappelle que, dès le 5 octobre 2012, le ministre des Relations internationales et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée avait fait connaitre l’appui sans réserve du nouveau gouvernement péquiste au libre-échange avec l’Europe. Puis le 31 octobre suivant, lors du discours d’ouverture de la session, la première ministre Marois a confirmé cet appui de façon non-équivoque. Elle a précisé que — comme sous le gouvernement Charest — le Québec participera en concertation avec Ottawa au déroulement des négociations de l’entente canado-européenne. En affichant d’entrée de jeu ses couleurs, le gouvernement Marois a indiqué donc qu’il va poursuivre la liaison que le PQ entretient avec le néolibéralisme depuis un quart de siècle. Cette dernière a été amorcée sous le gouvernement Bouchard puis poursuivie sous le gouvernement Landry.
Paul Cliche,
Montréal, 17 octobre 2013