Quelques semaines avant la fuite du dictateur Ben Ali et des manifestations au Caire et ailleurs, c’était «business as usual» à Ottawa, Washington, Paris et ailleurs où des gouvernements qu’on prétend démocratiques s’activaient à appuyer des voyoucraties sans foi ni loi. Ce n’était pas «grave», car les grands médias avaient réussi à implanter l’idée que les régimes mal-aimés étaient un «moindre mal» face aux «hordes islamiques». On avait toujours une Denise Bombardier ou deux pour plaindre le sort des femmes voilées, qu’il fallait absolument «sauver» des «barbares» par l’«ingérence humanitaire». Entre-temps, les États et les entreprises occidentales continuaient de piller ces pays du Maghreb et du Moyen-Orient tout en s’assurant que l’«allié israélien» pouvait continuer à attaquer, coloniser, torturer à qui mieux mieux. Tout cela faisait partie de l’ordre «naturel» des choses.
Le bon
Dans cette imagerie fabriquée par les médias et les États, il y avait les «bons» dictateurs qui avaient plusieurs qualités dont en premier lieu celui de l’efficacité. C’était notamment le cas de Ben Ali, cet allié de la démocratie occidentale. La répression en Tunisie avait en effet réussi à tout écraser pendant plus de trente ans. Dans ce silence assourdissant venant des prisons secrètes où on faisait mourir les dissidents de la plus horrible des manières, il y avait la ronde des «rencontres ministérielles» et des visites de chefs d’état et surtout le bourdonnement des businessmen bien branchés sur les circuits de la voyoucratie. Tout cela était archi connu mais on n’en disait rien. Quelquefois des sursauts de dignité faisaient dire à certains responsables officiels qu’il était quand même gênant de se faire voir avec des tueurs. Mais qu’importe, les bons dictateurs permettaient d’assurer la «stabilité» tout en appuyant les aventures militaristes états-uniennes et israéliennes.
La brute
Quelque fois cependant, ces bons dictateurs faisaient des «erreurs» : des «bavures» comme on le disait à propos de Mubarak qui fraudait les élections comme un général d’opérette tout en verrouillant l’opposition. Après un temps ainsi, le dictateur égyptien est devenu une «brute» un peu bébête, pas tellement pour ses politiques «fondamentales» mais pour la manière de les gérer. Les États occidentaux devant ces «dérives» n’ont jamais hésité à flusher leurs voyous préférés : par exemple dans les dernières années, ils l’ont fait au Pakistan. À un moment donné, le dictateur doit être mis sur la touche surtout lorsqu’il ne parvient plus à contrôler la colère des peuples, ce qui est évidemment le cas aujourd’hui en Tunisie et en Égypte, notamment.
Le truand
À côté des «bons» et des «brutes», il y avait aussi dans le dispositif idéologique des dominants des «méchants» ou des «truands». On désignait ainsi des dictatures «dissidentes», déphasées par rapport aux objectifs de l’empire. Certes sur le terrain, ces truands, en Iran par exemple, ne faisaient rien de plus ou rien de pire que les «bons» ou les «mauvais» dictateurs. La répression exercée par ces «truands» ne dérangeait pas vraiment les capitales occidentales, mais ce qui dérangeait vraiment était le fait que l’Iran (ou la Syrie) refusait de se subordonner aux États-Unis dans leur utopie sanglante de «réingénierie» du Moyen-Orient.
Qui est dupe ?
Même si la plupart des gens dans cette région du monde n’ont jamais vu le film de Sergio Leone, l’opinion est assez éclairée sur ce jeu morbide et cette atroce politique de deux poids deux mesures pratiquée par l’impérialisme. Les «révélations» de Wikileaks ces derniers temps ont confirmé l’information qui circulait depuis longtemps sur la connivence des États impérialistes et des dictatures via les sites internet et les réseaux satellitaires comme Al-Jazeera. On le sait sur le terrain, la lutte pour la démocratie au Maghreb et au Moyen-Orient est organiquement liée au rejet des puissances impérialistes et de leurs relais comme Israël. Ces deux luttes ne sont pas détachables. On sait aussi au Caire, à Tunis et ailleurs que l’impérialisme cherche à imposer une «transition» qui est en fait un sauvetage des régimes voyoucrates. Reste à voir si la résistance populaire pourra imposer un autre cours.
Le truand
À côté des «bons» et des «brutes», il y avait aussi dans le dispositif idéologique des dominants des «méchants» ou des «truands». On désignait ainsi des dictatures «dissidentes», déphasées par rapport aux objectifs de l’empire. Certes sur le terrain, ces truands, en Iran par exemple, ne faisaient rien de plus ou rien de pire que les «bons» ou les «mauvais» dictateurs. La répression exercée par ces «truands» ne dérangeait pas vraiment les capitales occidentales, mais ce qui dérangeait vraiment était le fait que l’Iran (ou la Syrie) refusait de se subordonner aux États-Unis dans leur utopie sanglante de «réingénierie» du Moyen-Orient.
Qui est dupe ?
Même si la plupart des gens dans cette région du monde n’ont jamais vu le film de Sergio Leone, l’opinion est assez éclairée sur ce jeu morbide et cette atroce politique de deux poids deux mesures pratiquée par l’impérialisme. Les «révélations» de Wikileaks ces derniers temps ont confirmé l’information qui circulait depuis longtemps sur la connivence des États impérialistes et des dictatures via les sites internet et les réseaux satellitaires comme Al-Jazeera. On le sait sur le terrain, la lutte pour la démocratie au Maghreb et au Moyen-Orient est organiquement liée au rejet des puissances impérialistes et de leurs relais comme Israël. Ces deux luttes ne sont pas détachables. On sait aussi au Caire, à Tunis et ailleurs que l’impérialisme cherche à imposer une «transition» qui est en fait un sauvetage des régimes voyoucrates. Reste à voir si la résistance populaire pourra imposer un autre cours.