La fonction positive de toute crise est qu’elle révèle la non-viabilité d’un modèle. Elle revient sur les illusions et les décombres idéologiques qui bloquent la vision stratégique du futur. En ce sens, les crises systémiques du capitalisme mondial, du modèle de Cuba et du modèle du Venezuela ouvrent le chemin au socialisme du XXIe Siècle.
Dans l’actuel dépassement du capitalisme, ce paradigme est le mode de production du XXIe siècle, c’est-à-dire le génome de l’économie et de la société post-capitalistes.
Dialectique de la crise
La fonction positive de toute crise est qu’elle révèle la non-viabilité d’un modèle. Elle revient sur les illusions et les décombres idéologiques qui bloquent la vision stratégique du futur. En ce sens, les crises systémiques du capitalisme mondial, du modèle de Cuba et du modèle du Venezuela ouvrent le chemin au socialisme du XXIe Siècle.
Fin des illusions et options
Europe/Etats-Unis: la crise capitaliste a mis en évidence que les gouvernements du Premier Monde ne sont rien d’autre que les laquais du grand capital. Pendant que des centaines de millions de personnes ont sombré dans la pauvreté, les entreprises états-uniennes ont enregistré au troisième trimestre 2010 les plus gros bénéfices de leur histoire, grâce à la politique de l’administration Obama. Dans l’Union Européenne, le démontage de l’État providence s’accompagne de la menace, formulée par son plus haut fonctionnaire, J.D. Barroso, président de la Commission Européenne, d’installer des dictatures militaires au Portugal et en Espagne, si les syndicats résistent trop. En conséquence, deux idéologies fondamentales du Premier monde vacillent sur leurs fondements :
- Que la lutte de classes est terminée
- Que l’Etat bourgeois garantit la paix sociale, le bien-être et la démocratie pour tous.
Cuba: les ultimes illusions sur la viabilité du socialisme du XXe Siècle disparaîtront avec les mesures drastiques d’économie de marché introduites dans l’île; la reconnaissance dans Granma que la majorité du pays pratique une “économie de subsistance”, et l’affirmation du Président de l’Assemblée Nationale, Ricardo Alarcon, en Chine, que Cuba “approuvera l’expérience de développement en réforme et ouverture” de la Chine.
Venezuela: La crise du modèle vénézuélien… qui dérive sur la mer de ses contradictions…en finit avec les illusions “socialistes” du développement bourgeois latino-américain. Le mérite d’Hugo Chavez à l’égard du socialisme reste limité à la divulgation du concept de socialisme du XXIe Siècle, sans aucun soutien institutionnel ou scientifique postérieur. C’est le mérite que Marx et Engels concèdent à Hegel.
Les options politiques structurelles sont, par conséquent: pour le Premier Monde, dictatures ouvertes du capital, régimes parlementaires néolibéraux ou socialisme du XXIe Siècle; pour le Tiers-monde, développement de type socialiste (NEP/Lénine, Chine) ou bourgeois (Venezuela) avec socialisme du XXIe Siècle. C’est entre ces options que classes sociales, partis, États ont à choisir.
La Tricontinentale du Socialisme du XXIe Siècle
Dans un récent débat du Bloc Régional de Pouvoir Populaire-Scientistes pour une Economie Politique Socialiste (BRPP/SSPE), on s’est accordé sur la nécessité, pour le progrès du Socialisme du XXIe Siècle de trois catalyseurs:
- Une plus grande intégration des forces anti-capitalistes d’Amérique latine, d’Europe et d’Asie;
- La consolidation d’une avant-garde scientifique mondiale qui travaille sur le mode de production post-capitaliste et la transition;
- Le lien du Socialisme du XXIe Siècle avec les masses.
Les axes géopolitiques de la Tricontinentale
L’importance de l’Amérique latine dans le développement du projet mondial post-capitaliste réside dans le fait qu’elle dispose des mouvements sociaux les plus actifs, les plus conscients et les plus combatifs de tous les continents. L’Europe, de son côté, apporte la connaissance scientifique la plus avancée sur l’économie politique et le mode de production socialiste du XXIe Siècle (Ecole d’Ecosse/Ecole de Brême). La Chine détient une position clé, car elle est l’un des deux décideurs du G-20 et l’unique pays puissant gouverné par un Parti Communiste. Si la réactivation de la lutte des masses se confirme en Europe, il est nécessaire d’intégrer aussi sa gauche – partis, syndicats et jeunesse – au triangle stratégique de l’évolution post-capitaliste.
Avant-garde et épistémologie naïve
Un des plus grands succès de l’idéologie bourgeoise et du dogmatisme du socialisme du XXe Siècle a été la destruction de la théorie révolutionnaire de l’État et de l’avant-garde. Le résultat de cet anéantissement est double: d’une part, la soumission au leader historique des masses et des membres du Parti à la tête de l’Etat, acritique et quasi religieuse, et de l’autre l’idolâtrie acritique et anarchisante de la “démocratie de base”. Ces deux attitudes sont naïves parce qu’elles nient la dialectique entre les nécessaires hiérarchies de pouvoir.
Avant-garde, vérité et majorités
L’authentique leadership d’avant-garde naît de la vérité. Pour cette raison, il peut arriver qu’il ne coïncide pas avec la logique des majorités. Si Einstein soutient que l’espace est courbé et cent physiciens présents disent le contraire, Einstein a raison parce qu’il exprime la vérité objective face à un retard dans la connaissance de ses collègues. Lénine a raison quand il démet le Comité Central et convoque, en octobre de 1917, l’insurrection armée immédiate, accusant d’idiots et de traîtres ceux qui veulent attendre la “majorité formelle des bolcheviques” dans un futur Congrès du Parti.
Leader et masses
C’est la dialectique du leadership. Dans le domaine politique et militaire, la connaissance et l’audace -supérieure à la normale- de l’avant-garde sont, avec une forte dose d’intuition, salvatrices en temps de crise. De ce talent découle la prétention de beaucoup de dirigeants à la pérennité de leur pouvoir. Les masses doivent reconnaître ce talent, mais elles doivent défendre leur droit à l’autodétermination, pour le bien du processus révolutionnaire. D’où tiennent-elles ce droit à l’autodétermination ? Du fait qu’en temps normal ne sont pas nécessaires les qualités de leadership d’un héros sauveur -mais bien une direction et un feedback collectifs. De là la savante construction de l’autoritarisme romain.
Avant-garde et forums sociaux
Récemment je discutais avec notre ami Alexandre Buzgalin, qui a publié en 2000 à Cuba un petit ouvrage intitulé El futuro del socialismo, sur le problème de la transition au post-capitalisme et l’avant-garde. Il attend beaucoup des forums sociaux tel le Forum social européen (FSE). Après avoir participé aux forums d’Athènes, de Paris, Londres et Quito, je ne partage pas son optimisme et j’ai cessé de me rendre à ces événements. Je ne crois pas que des “universités d’été” (comme a dit Ramonet) naisse la Révolution Mondiale anti-capitaliste, et non plus qu’elles inquiètent beaucoup les maîtres du Capital, qui en fait les financent.
Toute avant-garde naît autour d’un paradigme, c’est-à-dire une vérité objective qui sert comme centre de gravité épistémologique et en son cas, politique, de l’homo sapiens. Dans l’actuel dépassement du capitalisme, ce paradigme est le mode de production du socialisme du XXIe Siècle, c’est-à-dire, le génome de l’économie et de la société post-capitaliste. Comme dans tout processus d’évolution, les modèles non adaptés disparaissent au cours de l’histoire.
Merci à kaosenlared.net
Source: http://www.kaosenlared.net/noticia/tricontinental-socialista-ante-crisis-cuba-venezuela-capitalismo
Date de parution de l’article original: 01/12/2010
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=2919