Dans le cadre de L’espace « émancipation » organisé par les NCS au Forum social mondial
- Mercredi 10 août 2016 à 18 h
- à l’Université Concordia,
- 1455, boul. De Maisonneuve Ouest
- Hall Building, local H110,
État au centre de l’échiquier politique et historique du Moyen-Orient, la Syrie est aujourd’hui un champ de ruines résultant de la guerre multiforme mettant aux prises la dictature de Bachar El-Assad face à des groupes dits islamiques et une galaxie d’organisations démocratiques. Ces confrontations sont alimentées et manipulées par l’ingérence des grandes puissances de même que par celle de divers pays de la région qui cherchent à affirmer leur hégémonie, notamment Israël, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Iran. L’opposition démocratique arabe et kurde résiste de peine et de misère.
Quelles sont les forces qui s’opposent dans cette guerre ? Qui les appuient et pourquoi ? Quels sont les projets des forces démocratiques ? Comment pouvons-nous les appuyer ?
Révolution et contre-révolution en Syrie*
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La Syrie est un pays qui a connu une paupérisation massive durant la dernière décennie, spécialement dans les zones rurales; la misère a crû, atteignant une situation où pratiquement un tiers de la population vit en dessous du niveau national de pauvreté, avec un chômage en hausse. Il faut resituer cela dans le contexte d’une profonde inégalité sociale, d’un régime corrompu – où le cousin de Bachar al-Assad est devenu l’homme le plus riche du pays, qui contrôle semble-t-il une moitié de son économie. Et il ne s’agit que d’un membre du clan dirigeant dont tous les éléments engrangent des avantages matériels considérables. Ce clan fonctionne comme une véritable mafia qui dirige le pays depuis des décennies.
Voilà la racine profonde de l’explosion, avec le fait que le régime syrien est l’un des plus despotiques de la région. Ce qui est spécifique à ce régime, c’est que Hafez al-Assad (le père) a remodelé et reconstruit l’appareil d’État, spécialement son noyau dur – les forces armées – afin de constituer une garde prétorienne à sa solde. L’armée, spécialement ses unités d’élite, est liée au régime de différentes façons, principalement par la manipulation des oppositions religieuses.
La résistance est très hétérogène. Durant les premiers mois du soulèvement, ses premiers leaders étaient principalement des jeunes, comme partout ailleurs dans la région, qui se coordonnaient au moyen d’Internet. Ils s’organisaient au sein de comités de coordination locale (CCL) et défendaient un programme progressiste, démocratique, anti-confessionnel et laïc. Puis avec la militarisation de la lutte et la mutation progressive, depuis l’automne 2011, du soulèvement en guerre civile, nous avons assisté à l’émergence d’une ligne dure, islamique « jihadiste », incluant deux groupes qui travaillent sous la bannière d’Al-Qaïda, avec des différences entre eux, ainsi que les groupes salafistes. Parmi les deux groupes affiliés à Al-Qaïda, l’un est largement composé de combattants venant de l’extérieur de la Syrie, et l’autre est principalement syrien – il y a des tensions entre eux.
Il est très important d’exprimer sa solidarité avec la révolution syrienne afin de créer des liens avec les progressistes au sein de l’opposition, afin de contrer la propagande du régime et celle de Moscou, et afin de dénoncer la complicité de Washington et de l’Occident avec les crimes contre l’humanité perpétrés en Syrie.
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- Gilbert Achcar, extrait d’un entretien réalisé en octobre 2013 (http://www.contretemps.eu/interviews/syrie-entre-r%C3%A9volution-contre-r%C3%A9volutions)