Dans des villages comme Leamington, Saint-Rémi, Kelowna, Abbotsford ou Saint-Eustache, près de 50 % de la main d’œuvre est migrante. Le flux de travailleurs n’est plus saisonnier. Le développement de serres, la diversification des cultures, et l’apparition de nouvelles techniques de production qui allongent le nombre de récoltes ont contribué à ce phénomène. Il faut donc d’une part mettre en lumière la permanence des programmes dits temporaires.
Les Travailleurs unis de l’alimentation du Canada (TUAC) mènent depuis presque vingt ans une bataille juridique auprès de multiples tribunaux spécialisés en droit du travail, allant jusqu’en Cour Suprême, pour modifier diverses législations provinciales qui excluent les travailleurs agricoles du droit fondamental de s’associer et négocier collectivement leurs conditions de vie.
À ce jour, les TUAC ont plaidé le droit des travailleurs étrangers à se syndiquer en Colombie-Britannique et au Manitoba. Dans le cas de l’Ontario et du Québec, c’est le droit de l’ensemble des travailleurs agricoles qui est plaidé devant les tribunaux. Sur ce front, il arrive que la bataille des travailleurs migrants soit à l’avant-poste des luttes de tous les travailleurs exclus des régimes de rapports collectifs. Les débats juridiques qui entourent cet enjeu auront des répercussions sur des groupes de travailleurs au bas de l’échelle qui ont, jusqu’à maintenant, été exclus de ces protections, pour des raisons d’ordre politique ou en raison d’une incapacité structurelle à s’organiser.
En même temps, c’est grâce à la solidarité des membres affiliés au syndicat, qui jouissent déjà de meilleures conditions salariales, que le coût de démarches auprès des tribunaux devient abordable. C’est là le fondement même de la solidarité entre travailleurs, au-delà de l’origine nationale.
Extrait d’un texte paru dans le numéro 5 des NCS, Migrations : Stratégies, acteurs et résistances