Mercredi 10 août 2016 à 9 h à l’UQAM, DS-3375
La politique aujourd’hui sert seulement à gérer l’économie, et les politiciens ne sont plus que des gestionnaires d’entreprise. Les nouveaux du monde n’ont pas besoin de gouverner directement. Les gouvernements nationaux se chargent d’administrer les affaires pour leur compte. Le nouvel ordre, c’est l’unification du monde en un unique marché.
Sous-commandant Marcos, Le Monde diplomatique, août 1997.
L’offensive actuelle des dominants vise à rétablir la dictature absolue des prétendues lois du marché. Dans une perspective néolibérale, l’État tire sa légitimité non pas de sa capacité à assumer la souveraineté populaire, à se porter garant d’un quelconque « bien commun », mais de sa capacité à assurer la croissance des profits et à répondre aux besoins du dit marché. Les projets de société s’effacent dans le discours public au profit de l’idéologie gestionnaire, de la lutte au déficit et à la dette publique, de la rentabilité du capital. Le peuple apparaît de plus en plus comme un obstacle à la liberté d’entreprise et du marché, puisque la délibération démocratique mène la plupart du temps à une volonté citoyenne de contrôler son environnement, d’encadrer la concurrence, d’élaborer des politiques en fonction du « bien commun », etc.
Qu’est-ce que le politique à l’heure où l’idéologie managériale nous présente la démocratie comme une « gouvernance » ? Que reste-t-il du « peuple » en ces temps où de nouvelles entités (« individu délié », « tribus », « communautés culturelles », « société civile », « citoyens contribuables », etc.) semblent se substituer à lui ? Les dérives autoritaires n’annoncent-elles pas le parachèvement d’une biopolitique régulée par l’usage extensif de techniques de surveillance ? Comment penser aujourd’hui la démocratie (« radicale », « insurgeante », « participative », « directe », « citoyenne », « de quartier », etc.) ?
Intervenants et intervenantes
- Judith Trudeau (professeure, Collège Lionel Groulx)
- Fabien Torres (professeur, Collège Lionel Groulx)
- Jean-Pascal Laurin (professeur, Collège Édouard-Montpetit)
- Manon Massé (députée de Québec solidaire à l’Assemblée nationale)
- Stéphane Chalifour (Collège Lionel-Groulx)
- Paul Cliche (auteur)