La « guerre »

Selon Barbara Legault qui milite dans plusieurs organisations de femmes, notre société est présentement en guerre. «On l’en prend pas nécessairement conscience, mais on le constate dans le déploiement de la répression contre les femmes, les immigrants, les autochtones, les dissidents», a-t-elle déclaré lors de l’Université d’été des NCS la semaine passée à Montréal. Récemment, cette guerre est devenue plus visible lors des manifestations contre le G20 à Toronto. Il faut souligner également, selon Barbara Legault que la guerre se joue aussi à travers les médias. «Malheureusement, on constate que plusieurs journalistes sont devenus des policiers à crayon» dont le rôle est de diaboliser, caricaturer, attaquer verbalement les gens qui critiquent. Parallèlement, il y a l’action de certains religieux et des fondations privées qui veulent infantiliser les populations, renvoyer les femmes à une situation antérieure où elles étaient par définition «coupables» et «incapables».

Barbara qui participe à un réseau pancanadien de jeunes femmes «Rebelles», le temps est arrivé de prendre des risques. Elle dit être inspirée par les actions récentes des Brésiliennes qui n’ont pas eu peur de détruire des champs bourrés d’OGM. «Nous aussi devons penser à l’action directe. Quand on attaque nos sœurs au sud, il faut sortir de nos pantoufles». Elle pense qu’il faut revoir notre rapport à l’État, sans nécessairement nier le fait que nous devons lutter sur ce terrain. Mais fondamentalement affirme-t-elle, L’État est un ennemi et par conséquent, il faut cesser de légitimer. Elle estime qu’une partie de la réponse provient d’expériences autogestionnaires en cours, qui implique initiatives citoyennes, décentralisation des pouvoirs au sein des mouvements, tout cela dans une perspective qu’elle définit d’«anticapitaliste, d’anti colonialiste, d’anti patriarcat».

Elle entend bien participer à la prochaine édition de la Marche des femmes en octobre prochain, surtout si «on peut sortir des sentiers battus». La désobéissance civile fait partie de la panoplie des moyens qu’il «faut envisager» dans une approche qui inclut la diversité des tactiques. Elle s’encourage que la FFQ et sa présidente Alexa Conradi parlent de la nécessité de développer une action intersectionnelle qui puisse mobiliser les femmes autochtones et tous les groupes opprimés.». Il faut sortir de notre zone de confort blanche et francophone».

Dans la conclusion de son intervention à l’Université d’été, Barbara Legault a rappelé l’importance du travail d’analyse et de recherche. »Il faut changer notre regard, raffiner nos analyses, briser des anciens socles de valeur face à l’État et nos luttes». Puisque les dominants nous font la guerre, «il faut prendre l’initiative et créer de nouveaux espaces de convergence, qui doivent inclure divers types de réseaux, des réseaux radicaux comme des réseaux institutionnalisés».

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