Impérialisme au XXe siècle, empires et confrontations – no 13, hiver 2015

À propos de ce numéro

Depuis la période où l’impérialisme est devenu le « nouveau stade » du capitalisme (selon l’expresson consacrée), le capitalisme a évolué. Capital financier (alliance du capital bancaire et industriel), il est devenu capitalisme « financiarisé » dans lequel la reproduction de la logique d’ensemble du système, bien qu’ayant absolument besoin de la protection et du soutien des États, se déploie à travers des flux continus de marchandises et de capitaux qui traversent les frontières, bien souvent en demeurant hors de la portée des États. Davantage qu’il y a cent ans, le défi de comprendre l’interaction des dimensions économiques et politiques apparaît comme un véritable casse-tête dont le nombre de pièces est dédoublé par la nécessité d’intégrer également les dimensions culturelle et idéologique à l’analyse du problème

Table des matières

Lisez quelques extraits de ce numéro ci-dessous.

De l’impérialisme à l’impérialisme

Par Michel Husson
La question la plus difficile, et qui ne peut sans doute pas être élucidée aujourd’hui, est de savoir jusqu’à quel point les pays dits émergents ont acquis une véritable maîtrise des processus de production ou dans quelle mesure ils restent encore des sous-traitants soumis à la volatilité des capitaux internationaux. La réponse est sans doute différente selon les pays et les secteurs et il faut de ce point de vue remettre en cause l’homogénéité de la catégorie de pays « émergents ». De la réponse apportée à cette question dépendra en fin de compte le degré de remise en cause nécessaire des conceptions classiques de l’impérialisme. Il faut donc revisiter la théorie de l’impérialisme. Cela passe toutefois aussi par la construction patiente d’un nouvel internationalisme fondé sur la communauté objective d’intérêts des travailleurs et travailleuses mis en concurrence à travers le monde, au-delà de leurs différences de conditions de vie. C’est après tout dans les luttes que peut émerger une meilleure compréhension de cet adversaire commun.
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La guerre des pipelines

Par Jan Preston
Le colonialisme de peuplement n’est pas seulement un phénomène historique ou un événement. Il est une structure construite sur la « logique de l’élimination, en l’occurrence l’élimination des peuples autochtones. C’est ce colonialisme qui a structuré l’État-nation canadien et sa relation avec la terre et les aux ressources. Aujourd’hui, ce même colonialisme établit comment les partenariats néolibéraux et les forces sécurité visent à développer de nouvelles technologies et méthodes pour éliminer, acquérir et contrôler. Jusqu’à un certain point, ce processus colonial, ses pratiques et ses processus sont difficiles à déceler et encore plus à démanteler. Les projets extractivistes, dont on garantit le caractère « éthique », et qu’on présente comme bénéfique pour la population, occultent et normalisent le racisme environnemental, l’oppression des autochtones et la violence.
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La gauche devant le colonialisme

Par Pierre Beaudet
La résistance contre l’impérialisme et le colonialisme doit être intégrée dans une stratégie anticapitaliste plus vaste. L’utopie reste encore la construction d’une convergence des luttes, au « nord » comme au « sud », puisqu‘au-delà des énormes différences sociales, politiques et économiques, il y a une lutte nécessaire, commune et incontournable pour dépasser le capitalisme. Pour que cela survienne, cependant, la gauche « au nord » a des responsabilités particulières. Elle doit confronter le racisme contre les peuples dominés, racisme qui a « contaminé » une bonne partie des classes populaires qui en viennent à penser que l’ennemi est à Gaza plutôt qu’à Washington, pis encore, qu’il s’exprime dans la femme de ménage voilée plutôt que dans les oligarques financiers. Elle doit du même souffle apprendre des peuples dominés, de leurs luttes, de leurs résistances et même de leurs visions du monde, si longtemps dédaignés depuis la période coloniale.
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