Compte tenu que la migration se féminise, un des enjeux pour le mouvement féministe est évidemment d’accueillir ces femmes issues des minorités dans leurs groupes, d’adapter leurs services et les activités offertes. Mais cela va plus loin : il faut aussi considérer les apports de cette diversité en termes d’analyse, de stratégies, de nouveaux enjeux.
Il faut aussi dire que, malgré les préjugés racistes qui peuvent circuler, pour plusieurs de ces femmes immigrantes, les luttes féministes pour l’égalité entre les hommes et les femmes ont souvent commencé bien avant leur arrivée au Québec. Plusieurs régions et pays du monde ont de fortes traditions féministes et le mouvement féministe québécois peut apprendre de cela. Dans ce sens, les valeurs d’ouverture, de démocratie, de liberté et d’égalité entre les sexes qui représentent la société québécoise, sont celles qu’elles défendent et, encore une fois, on est loin des soi disant « conflits de valeurs ». L’autre enjeu que cela soulève, c’est bien entendu celui des multiples discriminations.
Plusieurs immigrantes ou femmes des communautés culturelles nous disent que leur expérience liée à la « race », à leur origine, à leur couleur ou à leur religion est tout aussi marquante que le fait d’être une femme. Cela questionne donc les pratiques et les priorités des groupes de femmes. Il est essentiel de penser la manière dont peut se combiner le sexisme avec d’autres formes de discrimination comme le racisme.
Alexandra Pierre (Fédération des femmes du Québec)
(Extrait d’un texte paru dans le numéro 5 des NCS, Migrations : Stratégies, acteurs et résistances)