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Élections fédérales : quelles options pour la gauche ?

Pierre Beaudet

Depuis quelques années, les progressistes québécois ont de la difficulté à s’intéresser aux élections fédérales. Des syndicalistes ont longtemps appuyé le Bloc québécois. À l’origine, le Bloc était vu comme le prolongement du PQ, qui avait encore la cote dans la bataille pour la souveraineté. Maintenant que la référence au PQ n’est plus à l’ordre du jour, que reste-t-il du Bloc ? Son chef Yves-François Blanchet affirme vouloir défendre les « intérêts » du Québec, mais de plus en plus, il a l’air de penser que cela veut dire être le porte-parole à Ottawa du gouvernement de la CAQ. Le cafouillage sur le troisième lien à Québec l’a mis dans l’embarras, surtout auprès des péquistes de la région de la capitale nationale. Sur d’autres questions sociales et économiques, le Bloc se range souvent sur des positions semblables à celles du NPD, mais alors on peut se poser la question, à quoi ça sert d’avoir ce parti ?

Quid du NPD ?

En parallèle, l’option du NPD flotte dans les nuages au Québec. En 2011, la « vague orange », plutôt qu’un endossement du parti, apparaissait davantage comme un « triple non » : un non au PLC enfoncé dans des scandales à répétition ; un non au PC mené vers une droite inspirée des États-Unis ; et un non au Bloc dont ne parvenait plus à saisir l’utilité. Le discours du sympathique Jack a fait la différence, mais rapidement, le château de cartes s’est effondré. Le NPD à la Chambre des communes sous l’égide de Thomas Mulcair, un conservateur déguisé en social-démocrate, a perdu pied, en étant souvent en symbiose avec le PLC. Résultat, le NPD est revenu à la marginalité comme il l’avait toujours été au Québec. Une fois dit cela, c’est le seul parti qui généralement appuie les revendications des mouvements populaires. Celles-ci dans le cadre de la campagne actuelle font parti de ce la FTQ propose sur la réforme du régime de l’assurance médicaments et de l’assurance-emploi fédérale.

Revendications de la FTQ
dans le cadre de l’élection fédérale

  • La Loi canadienne sur la santé doit être modifiée afin de forcer la création d’un régime d’assurance médicaments 100 % public et universel.
  • Il faut implanter un régime public d’assurance-médicaments universel (avec un droit de compensation du Québec).
  • Il faut une refonte en profondeur de la loi sur l’assurance-chômage, avec une couverture des prestations d’assurance-emploi à 35 semaines minimum[1].

 

La bataille de Nima Machouf

À Montréal, le NPD est dans la course dans deux circonscriptions. Il y a celle de Rosemont-La-Petite-Patrie où l’ex-syndicaliste Alexandre Boulerice, élu depuis 2011, est bien implanté[2].

Et il y a Nima Machouf dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie, remportée en 2019 par l’ineffable Stephen Guilbault, qui a surfé sur sa réputation d’écologiste pour rejoindre l’équipe de Justin Trudeau. Nima vient des mouvements populaires où elle a milité avec la Marche du Pain et des roses, les mobilisations écologiques de 2019 et antérieurement, avec le mouvement contre la guerre. Nima a également participé à la fondation de Québec Solidaire en 2006. Épidémiologiste de formation, elle a aussi travaillé avec Médecins sans frontière et Médecins du monde en Amérique latine et en Afrique. Évidemment, plusieurs la connaissent comme la conjointe d’Amir Khadir, mais il est indéniable que c’est une femme déterminée et active qui occupe bien sa place professionnellement et politiquement.

Cette combattante d’expérience avait tenté l’aventure politique en 2009 avec Projet Montréal. Et aujourd’hui, elle se représente avec le NPD tout en étant très implicite à l’effet qu’elle défend le droit à l’autodétermination du Québec. Si elle était élue, elle ferait sans doute avec Alexandre une belle équipe., notamment pour les luttes à venir (contre le PLC ou les Conservateurs) pour l’assurance médicament universel et la fin des subventions pétrolières. Ce qu’elle fera éventuellement dans le NPD pour le ramener à des positions plus progressistes dépend beaucoup du résultat de l’élection le 20 septembre prochain.

Selon Amir, la campagne est très serrée. Le PLC a une énorme machine qui dispose d’importants relais dans le comté. Le fait que la campagne ne suscite que peu d’intérêts favorise le statu quo et donc, il faudra travailler très fort pour gagner, bien qu’on peut déjà constater que Nima dispose d’une bonne base d’appuis. Chose certaine, sa victoire se fera à l’arraché. Au bureau électoral de Nima (3720 avenue du Parc), on cherche des militants et des donateurs pour aider dans ce dernier tournant.

Nonobstant son parti plein d’angles morts et d’ambigüités, l’élection de Nima serait un bon coup pour les mouvements populaires et progressistes.


[1]  Le Devoir, 4 septembre 2021

[2] C’est le seul qui a survécu à la débâche de 2019 où le NPD a été littéralement rayé de la carte au Québec.

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