« Nous sommes en guerre » disait Emmanuel Macron en s’adressant à la nation française le 16 mars 2020. Le lendemain, Boris Johnson annonçait aux Britanniques : « Nous devons agir comme un gouvernement en temps de guerre ». Cette même journée, de ce côté-ci de l’Atlantique, Donald Trump déclarait qu’il se considérait comme un « président en temps de guerre » combattant un « ennemi invisible » qu’il nomma ostensiblement le « virus chinois ». Le 26 mars, après un battage médiatique présentant le Québec comme la province la plus touchée par la COVID-19 au Canada, c’était au tour de François Legault d’évoquer la guerre.
Pour sa part, le Premier Ministre du Québec précisa que dans cette guerre au virus, il considérait l’ensemble du peuple québécois comme son armée : « On a actuellement une espèce d’armée de 8,5 millions de personnes pour combattre le virus. Ça risque d’être la plus grande bataille de notre vie. On va en parler longtemps. Nos petits-enfants, dans 20 ans, dans 50 ans, vont se rappeler comment le peuple québécois a réussi, ensemble, à gagner la bataille ». Mais la palme d’or de la proclamation de guerre la plus originale va sans contredit au Premier Ministre du Canada, Justin Trudeau qui, dans un discours digne d’une peinture de Magritte, a déclaré solennellement : « Ceci n’est pas une guerre », pour ensuite s’empresser d’ajouter que « le combat n’en est pas moins destructeur et dangereux » avec une « ligne de front qui se trouve partout ».
Cette surenchère dans la rhétorique guerrière semble avoir inquiété le collectif Échec à la guerre et dès le mois d’avril 2020, on pouvait lire sur leur site un texte de la professeure de sociologie Susan Sered expliquant qu’il était dangereux en termes de justice et de droits de la personne d’utiliser la métaphore « faire la guerre au Coronavirus ». Sered soulignait qu’aux États-Unis, sous Reagan puis sous Clinton, la guerre contre la pauvreté s’était transformée en guerre contre les pauvres tandis que la guerre contre la drogue était devenue une guerre contre les personnes en consommant, ciblant tout particulièrement les communautés noires. Mais cette mise en garde a eu peu d’impact. Le ton était donné. Partout en Occident, la guerre au coronavirus était déclenchée et elle continue de faire rage en ce moment encore.
Pourtant, des milliers de voix provenant du milieu scientifique se sont élevées afin d’alerter les décideurs face aux dommages collatéraux liés à une stratégie se bornant à tout miser sur les nouveaux vaccins à ARN messagers proposés par Big Pharma. Mais ces personnes ont été jugées et condamnées comme des complotistes ou des antivax nuisant à l’effort de guerre. Pour plusieurs experts ayant une perspective dissidente ou pour toutes celles et ceux qui tentent d’attirer l’attention sur des angles morts, la censure et l’ostracisme sont les sentences appliquées promptement par Big Tech et les grands médias. Tout comme lors des aventures guerrières du passé, il semble que c’est la vérité qui est la première victime de la guerre contre le coronavirus.
Mais contrairement aux guerres passées, la vérité occultée dans le cas de la guerre au Coronavirus est d’une simplicité déconcertante : Quand on est aux prises avec un virus, on ne part pas en guerre. On se soigne. Et quand il s’agit de soigner, les soignants ne devraient pas céder leurs places aux politiciens, aux militaires, aux technocrates ou aux experts en modélisations épidémiologiques. Si chaque individu est traité comme une menace virologique ambulante et non comme un être humain qui a le droit d’être soigné dans sa globalité ainsi que dans le respect de son consentement libre et éclairé, si les pays sont perçus comme des bouillons de culture de variants et non comme des entités souveraines, la guerre au coronavirus est en réalité une guerre contre les peuples.
Aujourd’hui au Québec, toute personne qui veut la paix pour elle-même et pour son prochain doit donc déserter ou refuser de se laisser enrôler dans l’armée de François Legault. Face à la guerre mondiale au Coronavirus, aucune autorité ne peut nous retirer le droit d’être des objecteurs et objectrices de conscience. En prenant comme modèle les pacifistes des années soixante qui disaient « Faites l’amour, pas la guerre! », déclarons haut et fort ce que nous exigeons pour le mieux-être de l’humanité : Des soins! Pas la guerre !
Jennie-Laure Sully