La globalisation néolibérale a eu comme conséquences, parmi d’autres, de faciliter le recours par les firmes multinationales aux délocalisations afin de diminuer leurs coûts de production. Le principe est assez simple : déplacer la production d’un lieu jugé trop coûteux en raison des niveaux de salaire « élevés » ou des réglementations sociales et environnementales « trop strictes » vers un espace plus propice pour l’investissement. Par les délocalisations, le rapport de force capital-travail, traditionnellement structuré au niveau national, se trouve reporté au niveau international au profit du capital. La libéralisation des flux de capitaux promue par le néolibéralisme dans le cadre du capitalisme financier permet alors de faire assumer les risques de la concurrence économique non-pas par les investisseurs, mais par les salarié-e-s et les États.
Toutefois le nombre d’emplois effectivement délocalisés demeure relativement bas. Au Canada, approximativement 30 750 emplois ont été délocalisés entre 2005 et 2008, tandis qu’au Québec ce nombre n’atteint que 7 175. Ce qui rend la menace de délocalisation si effective dans la reconfiguration actuelle du monde du travail tient plutôt du fait que, pour le Québec seulement, 17,5 % des emplois sont jugés à risque de délocalisation. Bref, la globalisation, en suspendant une épée de Damoclès au dessus de la tête d’une partie importante de la population, réussit à imposer un environnement dans lequel la simple menace de délocalisation suffit souvent à arracher d’importantes concessions aux travailleurs et travailleuses.
Extrait de l’article paru dans le numéro 7 des NCS