Vendredi 12 août 2016 à 9 h, à l’UQAM, DS-4375
Les choix sont clairs: soit un monde réchauffé de 4 °C avec la destruction massive de la biosphère et le risque de l’effondrement de la civilisation humaine ou le début d’une restructuration profonde de l’économie et de la société capitaliste et colonialiste. Le capitalisme, par sa logique inhérente à l’accumulation et au profit, nécessite la croissance de la production et la consommation sans limites peu importe les impacts désastreux pour la Terre-Mère et ses écosystèmes complexes.
Les objectifs de cet atelier:
• Décortiquer les liens entre le capitalisme et la crise écologique;
• Explorer comment les forces progressistes (écosocialistes, mouvement syndical, écologistes, citoyennes et citoyens engagés) peuvent-elles mobiliser et agir au-delà des efforts déployés jusqu’à maintenant;
• Comprendre le rôle clef du mouvement autochtone concernant la mobilisation, la résistance et les convergences possibles;
• Explorer en quoi le projet de décroissance est-il porteur;
• Définir comment jumeler les demandes concrètes et les actions à court terme avec la transformation profonde du système dans son ensemble à plus long terme ?
Les intervenantes et les intervenants
• Fred Magdoff, (scientifique et commentateur socio-politique)
• Mélissa Mollen Dupuis, (militante autochtone, Idle no more)
• Andrea Levy, (chercheuse indépendante et chroniqueuse)
• Geneviève Azam (Attac-France)
• Daniel Tanuro (écologiste)
Les peuples face au défi climatique[1]
Le système capitaliste nous a imposé une logique de concurrence, de progrès et de croissance illimitée. Ce régime de production et de consommation est la recherche du bénéfice sans limites, tout en séparant l’être humain de l’environnement, établissant une logique de domination sur la nature, convertissant tout en marchandise : l’eau, la terre, le génome humain, les cultures ancestrales, la biodiversité, la justice, l’éthique, les droits des peuples, la mort et la vie elle-même. Sous le capitalisme, la Mère-Terre ne constitue qu’une source de matières premières et en ce qui concerne les êtres humains, en moyens de production et en consommateurs, en personnes qui importent pour ce qu’elles ont et non pour ce qu’elles sont. L’humanité fait face à une grande alternative : continuer dans le chemin du capitalisme, du pillage et de la mort, ou entreprendre le chemin de l’harmonie avec la nature et le respect de la vie. Pour faire face au changement climatique, nous devons reconnaître la Mère-Terre comme la source de vie et former un nouveau système basé sur les principes suivants :
- Harmonie et équilibre entre tous et avec tout
- Complémentarité, solidarité et équité
- Bien-être collectif et satisfaction de besoins fondamentaux de tous en harmonie avec la Mère-Terre
- Le respect des droits de la Mère-Terre et des droits humains
- La reconnaissance de l’être humain pour ce qu’il est et pas pour ce qu’il possède
- L’élimination de toute forme de colonialisme, d’impérialisme et d’ingérence
- La paix entre les peuples et la Mère-Terre.
L’énorme défi auquel l’humanité fait face pour arrêter le réchauffement global et refroidir la planète sera atteint seulement en effectuant une transformation profonde dans le domaine de l’agriculture vers un modèle durable de production agricole paysanne indigène, et d’autres modèles et pratiques ancestrales écologiques qui contribueraient à solutionner le problème du changement climatique et qui assurent la souveraineté alimentaire, comprise comme le droit des peuples à avoir le contrôle de leurs propres semences, terres, eau et la production d’aliments. Nous considérons comme inadmissible que les négociations en cours nécessitent la création de nouveaux systèmes qui amplifient et font la promotion du marché du carbone à tel point que les systèmes existants n’ont jamais résolu le problème du changement climatique et qu’ils ne se soient pas, non plus, transformés en actions concrètes et directes pour la réduction des gaz à effet de serre.
[1] Extraits du texte produit par la Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Mère-Terre, 22 avril 2010, Cochabamba (Bolivie). Pour le texte au complet : http://reporterre.net/Cochabamba-le-texte-de-l-Accord
Références
• Fred Magdoff, « An Ecologically Sound and Socially Just Economy », Monthly Review, vol. 66, n° 4, septembre 2014
• Daniel Tanuro, « Les fondements d’une stratégie écosocialiste », Nouveaux Cahiers du socialisme, n° 6, Écosocialisme ou barbarie, 2011
• Maxime Combes Blockadia et Alternatiba, les deux piliers de la justice climatique :
https://france.attac.org/se-mobiliser/changeons-systeme-pas-climat/article/blockadia-et-alternatiba-les-deux