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Comprendre le capitalisme aujourd’hui

Comprendre le capitalisme aujourd’hui, c’est travailler à comprendre en quoi ce système constitue en « système global ». Ainsi, la « globalisation » représente la forme contemporaine de l’impérialisme du capital : tout en transformant profondément ce dernier, la globalisation lui permet de se « réaliser pleinement ». Est-ce alors une surprise que, malgré les crises qui s’entrecroisent et se succèdent, le capitalisme parvienne à survivre à sa propre globalisation?  

De la chute du bloc de l’Est, à la multiplication des traités de libre-échange en passant par le développement des nouvelles technologies des communications, la toile de la globalisation est bien connue. Pourtant, ces éléments ne nous aident pas vraiment lorsque vient le temps de comprendre comment se fait-il que le capitalisme soit le seul système à ce jour capable d’opérer sa propre globalisation sans imploser? En suivant les écrits du jeune Marx sur l’aliénation et d’Ellen Wood sur « L’empire du capital », nous pouvons peut-être y voir un peu plus clair.

Marx, par la conception qu’il nous offre de l’aliénation dans les manuscrits de 1844, met l’accent sur le travail « d’équivalence » qu’opère la médiation sociale capitaliste. Pour que le capital domine la vie sociale, les rapports marchands doivent devenir l’étalon des rapports humains : des relations interhumaines à celles humain-nature, le traitement de l’autre comme marchandise ou comme vecteur de valorisation s’impose. L’humain, ses produits et la nature sont marchandises et donc, se valent l’un l’autre. L’équivalence permet l’échange sans limite, indistinctement de l’essence des choses et des êtres qui nous entourent.

Plus le rapport d’équivalence se « naturalise » et devient le seul référent éthico-morale du vivre-ensemble, plus la domination du capital s’étend et se renforce. Avec Wood, nous comprenons justement en quoi consiste l’établissement de cet empire du capital : l’extension à tous les recoins du globe des impératifs de valorisation capitaliste. Le centre de l’empire est bien entendu territorial – les États-Unis assurent la stabilité du système par leur hégémonie militaire – mais ses visées sont universelles. Sur l’étendard de la globalisation nous ne lissons pas innocemment le mot d’ordre de conquête « hors du marché point de salut ».

Bref, le capitalisme tend à la globalisation, c’est-à-dire à rendre conforme aux rapports marchands toutes manifestations de la vie. Les plans gouvernementaux d’austérité, les délocalisations d’emplois, les plans de sauvetage du secteur financier sont, pour nous, que le visage concret et brutal de cet univers marchand global.

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