L’université populaire des NCS (20-23 août prochain) animera un débat sur la convergence possible entre les luttes autochtones et les luttes environnementales.
Le projet Northern Gateway de la compagnie Enbridge vise à transporter le pétrole lourd albertain vers le port de Kitimat en Colombie britannique et de là, dans des super cargos pétroliers, vers les marchés de l’Asie-Pacifique.
Ce projet est l’objet de vives critiques de divers groupes environnementalistes. Il est également contesté par plusieurs nations autochtones, dont l’Alliance des Dene Yinka, une coalition de six nations qui demande l’interdiction de ce pipeline sur leur territoire. Les communautés sont particulièrement outrées du fait qu’elles manquent d’eau potable, en lien avec le fait qu’une grande partie de l’eau est détournée vers les projets pétroliers.
Elles observent également dans les régions où se concentrent l’extraction et la production l’augmentation du cancer, de maladies respiratoires, d’infections de la peau affectant les humains, la faune et la flore. Enbridge par ailleurs est critiqué pour la gestion de ses projets. Ainsi, des études documentent plusieurs incidents, notamment les fuites de pétrole au Michigan qui ont affecté plus de 50 kilomètres de voies navales et de terres inondées forçant l’évacuation de milliers de personnes.
En substance, ces projets violent la souveraineté des nations autochtones. Les territoires visés par les projets n’ont jamais été cédés par les communautés autochtones. Ils n’ont jamais fait l’objet des traités négociés à la fin du dix-neuvième siècle. Selon un récent jugement de la Cour suprême (Tsilhqot’in Nation V. British Columbia), les parties intéressées sont requises de consulter les nations autochtones avant de démarrer tout projet qui peut avoir un impact sur la terre sur laquelle celles-ci ont des droits.
Malgré l’opposition des populations, le gouvernement canadien est fortement engagé en faveur de ce projet. Parallèlement, le gouvernement a mis en place un nouveau dispositif de contrôle et de répression, sous l’égide des « Équipes intégrées de la sécurité nationale » (EISN), pour « d’accroître la capacité de collecte, d’échange et d’analyse des renseignements concernant des individus et des entités qui menacent la sécurité nationale ». Un rapport produit en 2009 par l’Institut canadien sur la défense et les affaires étrangères par Tom Flanagan, ancien conseiller de Stephen Harpe, prévient les autorités des « menaces » à venir de saboteurs, d’écoterroristes, d’environnementalistes et des Premières nations. La logique implicite du rapport de Flanagan est qu’il faut promouvoir la division et empêcher la coopération au sein des « opposants au développement », de manière à assurer la « sécurité » des champs de sable bitumineux.