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Chicane de famille : socialistes et libertaires

Au moment des grandes révolutions du 19e siècle, les peuples cherchent leur voie. Les Empires et les classes réactionnaires sont secoués partout. De nouvelles classes urbaines apparaissent sur la scène politique, la bourgeoisie et le prolétariat, notamment. Des luttes sociales très vives se combinent avec des mobilisations pour la libération nationale. C’est également l’essor du colonialisme où des puissances de l’époque utilisent la subjugation des peuples comme arme pour diviser les dominés. Le paysage est plutôt confus.

Marx notamment, et plus tard les mouvements socialistes qui s’en inspirent, pensent à un grand mouvement d’émancipation prolétarien qui avance comme pôle contre-hégémonique. Il faut, pense-t-il, miser sur l’organisation et l’éducation populaire, éviter de tomber dans le piège des confrontations sans lendemain et imaginer une autre sorte de pouvoir politique. Mais tous ne sont pas d’accord. Des courants inspirés par Proudhon estiment qu’il faut se tenir loin des institutions. Proudhon préconise plutôt l’intervention à la base pour créer des espaces socialistes autonomes, par les coopératives par exemple. Plus tard, le Russe Bakounine veut radicaliser les luttes, pensant que le mouvement doit bousculer l’ordre établi, et ne pas attendre que le fruit mûr du capitalisme ne tombe dans les mains socialistes.

De tous ces débats apparaissent diverses propositions qui coexistent dans l’Association internationale des travailleurs (AIT), qu’on appelle parfois la Première Internationale. Plus tard, les héritiers de Marx et ceux de Proudhon et de Bakounine règlent leurs comptes durant une longue période de défaites qui suit l’échec de la Commune de Paris. Quarante ans plus tard, socialistes et libertaires se retrouvent du même côté de la barricade lors de la révolution des soviets, jusqu’à tant que les déboires du nouveau pouvoir ne polarisent à nouveau les débats.

Aujourd’hui, tout cela semble lointain, mais l’est-ce vraiment? La question de la transformation et du pouvoir se pose toujours. Quel est le chemin le plus pratique pour aboutir à l’émancipation? Faut-il « forcer » l’histoire à travers l’intervention d’une « avant-garde » éclairée? Les socialistes doivent-ils tenter de réinventer le pouvoir, ou peuvent-ils l’abolir au profit des communautés autogérées? Quelle est la place de la confrontation, voire de la violence ou de l’autodéfense, dans le développement des luttes? Autant de discussions qui sont à l’ordre du jour dans plusieurs pays où la transformation atteint un seuil critique, au Mexique, en Grèce, en Bolivie, par exemple. À une autre échelle (plus modeste), socialistes et libertaires, au Québec par exemple, peuvent-ils renforcer des mouvements populaires en favorisant l’auto organisation et l’autoformation des masses? Est-ce qu’une alimentation mutuelle et réciproque pourrait aider tout un chacun à poser davantage les vraies questions? Ce sont ces préoccupations que l’université populaire met à l’ordre du jour dans quelques semaines.

 

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