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Berlin : un référendum pour socialiser les grands promoteurs urbains

Armin Kuhn et Stefan Thimmel, extrait d’un texte publié par la Fondation Rosa-Luxemburg-Stiftung 10 octobre 2021.
Plus d’un million de Berlinois (56,4 % des suffrages exprimés) ont voté oui dans un référendum sur le logement, en proposant que ceux qui possèdent plus de 3 000 appartements – devraient faire l’objet d’une expropriation, afin de communaliser les logements. Également, la ville de Berlin serait obligée de consacrer 30 milliards d’euros pour racheter plus de 240 000 appartements.
L’initiative a été couronnée de succès dans dix des douze arrondissements de Berlin, sauf dans les quartiers riches comme  Grunewald et Dahlem. Fait à noter, la plupart des partis politiques et toutle lobby de l’immobilier ont jeté tout ce qu’ils avaient pour empêcher ce succès, notamment la droite (CDU et FDP).
Depuis la fin des années 2000, le prix des loyers a doublé à Berlin, où 80 % des habitants sont locataires. Dans le même temps, des entreprises immobilières ont fait main basse sur des dizaines de milliers de logements de la ville. Certaines ont tout simplement racheté les immeubles d’anciens bailleurs communaux privatisés ces vingt dernières années.
Au cours de cette période, d’innombrables locataires sont eux-mêmes devenus victimes des intérêts lucratives d’une partie de l’activité immobilière, ou bien ont vécu dans la peur de la prochaine augmentation de loyer, ou du changement de propriétaire de leur appartement, ou encore de l’annonce de leur intention par leur propriétaire. pour faire un usage personnel de la propriété. L’échec du plafonnement des loyers berlinois, déclaré invalide par la Cour constitutionnelle fédérale allemande le 15 avril 2021 faute d’autorité législative, et qui avait apporté un répit pendant quelques mois au moins, n’a fait qu’accroître le soutien à l’initiative. Une grande majorité était reconnaissante d’avoir eu la possibilité d’utiliser les urnes pour fixer des limites aux sociétés immobilières.
Une initiative de la base
La victoire a été remportée par une campagne menée indépendamment des partis politiques, qui est née des initiatives et des luttes des locataires et qui, dès le début, s’est fortement concentrée sur l’organisation active et l’auto-organisation communautaire.
Deutsche Wohnen & Co. enteignen (expropriez Deutsche Wohnen, un des grands promoteurs immobiliers) est une émanation des nombreuses luttes menées par les locataires, les coopératives d’habitation et les initiatives au cours des dernières années, pour se défendre contre les stratégies susmentionnées du secteur immobilier.
Le succès de la campagne a été garanti par un large soutien de plus de 2 000 militants, qui ont ancré la campagne dans de nombreux arrondissements de Berlin. Si elle était mise en place, (le référendum était seulement consultatif), la nouvelle politique permettrait de transférer à la propriété sociale qui doublerait le parc immobiliser municipal. Une entité à but non lucratif, sous contrôle démocratique, dotée de mécanismes fonctionnels de participation des parties prenantes, et donc orientée vers le bien commun, opérerait pour réguler indirectement les autres appartements locatifs. Son influence aurait le potentiel de réduire considérablement les loyers qui, à Berlin, notamment pour les retraités locataires dont les retraites ont stagné ou baissé.
On continue
La victoire de Berlin inspire la population de plusieurs landers (provinces) qui réclame une nouvelle approche du logement social le plafonnement des prix de l’immobilier ou l’expropriation des spéculateurs, des programmes de rénovation énergétique, un plafonnement des loyers à l’échelle nationale, etc. à l’ordre du jour, etc.

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