mardi 23 octobre 2007, par François Cyr |
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Il n’y a surtout pas UNE explication passe-partout, une sorte de prêt -à -penser universel pour analyser ce qui s’est passé lors de la dernière élection au Québec et, partant, de pressentir ce qui pourrait survenir afin d’esquisser quelques perspectives stratégiques pour notre famille politique. Mais d’abord, il convient de disposer de quelques lieux communs.
Non il n’y a pas eu de tsunami aussi imprévisible qu’irrépressible comme en témoigne la régulière progression de l’ADQ depuis sa première épreuve électorale de 1994 (6%) jusqu’à son score de 2007 ( 31 %). Dans l’intervalle de chaque consultation électorale, l’ADQ augmente pratiquement de moitié son score, soit 12% en 1998 et 18 % en 2003. Difficile aussi de parler de balayage, surtout si on retient comme indicateur le nombre de votant, ce qui nous apparaît plus significatif que la représentation parlementaire. Ainsi moins de 100,00 votes séparent l’ADQ du PQ et moins de 100, 000 séparent ce dernier des libéraux.
Cependant, si à l’échelle du vote populaire les trois partis sont nez à nez, cette élection, remise dans son contexte historique, témoigne de deux choses : l’accélération de l’effritement du vote péquiste qui constituait déjà le fait saillant de l’élection de 2003 (avec l’importance de l’abstentionnisme) et la dégelée subi par le PLQ qui gouvernera avec 33 % des voix et sans doute moins de 25 % du vote francophone. Sans présumer de sa longévité, ce gouvernement aura de sérieux problèmes de légitimité.
On a écrit beaucoup sur le clivage Montréal-région, sans nuance. Cette vision qui consiste à percevoir en bloc le reste du Québec souffre de montréalo-centrisme et ne peut expliquer la force de l’enracinement du PQ au Saguenay-Lac St Jean, en Abitibi et dans une moindre mesure en Gaspésie. Ces trois régions ressources, en crise profonde suite au pillage des richesses, sont les premières victimes de la mondialisation néolibérales et savent bien l’importance d’un État capable de faire minimalement contrepoids aux forces du marché. Le marché ? On a déjà donné.
Et si la montée de l’ADQ marquait un changement au sein des classes populaires (dans ses secteurs moins scolarisés et peu syndiqués) par rapport à l’État ?
C’est l’hypothèse du descenseur social (Guibert et Mergier, 2007). Enquêtant en profondeur sur les comportements, attitudes et opinions des classes populaires françaises qui soutiennent la droite dure, voire l’extrême droite dans ce pays, ces deux auteurs expliquent que les milieux populaires sont surexposés aux crises de la société…Nettement moins diplômés que les classes moyennes et supérieures, vivant la “diversité¨ de notre société, ils sont particulièrement touchés par le chômage, la précarité et le temps partiel subi. Mais aussi par la délinquance et par la violence…(p35)
L’ascenseur social n’est pas en panne, il tire vers le bas et l’État ne protège plus mais il gère des services perçus comme de plus en plus coûteux et de plus en plus inefficaces en raison, notamment, de l’effet très réel du désengagement des ressources financières de l’État. Lorsqu’un salarié qui trime dur et qui, comme tout le monde s’auto-définit comme un membre de la vaillante classe moyenne, se fait dire par d’innombrables démagogues de cirque depuis des décennies que l’État est la chasse-gardé d’une classe instruite de privilégiés syndiqués, ça finit par faire son effet.
Dans ce contexte, la dimension fortement protestataire du vote adéquiste prend tout son sens. On peut en mesurer la pleine valeur lorsque les idéologues de combat adéquistes nous présentent leur oeuvre cinématographique L’Illusion tranquille. (Joanne Marcotte, 2007) Tout y passe, à commencer par ce repaire de privilégiés que représente le mouvement syndical jusqu’à l’universalité de ce qui reste de programmes sociaux. En passant bien sûr par la question du gel des droit de scolarité qui deviendra sous peu la lutte symbole préfigurant du vrai rapport de force, social celui-là, entre les lucides contre-révolutionnaires tranquils et les forces progressistes. Rappelons que ce projet de contre révolution tranquille amorcée dans les cartons du rapport Gobeil (PLQ, 1986 ) a été ensuite laissé en jachère suite à l’opposition populaire et les réserves de Robert Bourassa. Les idées maîtresses de ce rapport, véritable acte fondateur de la réingénérie et ancêtre idéologique des lucides, ont été recyclées par l’ADQ en préparation de la campagne de 2003. Depuis, même si les aspects les plus outranciers (bon de l’éducation, impôt unique) ont été édulcorés par les stratèges du parti, l’essentiel demeure.
Mais la politique, c’est aussi, hélas, affaire de perceptions et d’émotions. Sur ce plan, cette modification du rôle de l’État et de ses gestionnaires se déploie souvent dans la sphère du symbolique, de la représentation culturelle où les élites politiques urbaines et éduquées sont associées à un mode de vie en porte-à-faux avec les valeurs traditionnelles. C’est la thèse du journaliste américain Thomas Franck ( 2004) qui analyse la montée en puissance du conservatisme populiste dans un État où les classes populaires disposaient pourtant de très anciennes racines de gauche. Son ouvrage What’s the matter with Kansas ? décrit l’adhésion des classes populaires du Kansas au programme radicalement à droite des républicains par le rejet de l’image élitiste, dandy associés des élites démocrates de là-bas dans le lointain Washington peuplé de bureaucrates parasitaires, ces têtes d’oeufs si loin des vrais affaires, celles du vrai monde…. Les républicains, en jouant habilement sur toute une gamme d’images et d’émotions sont censés représenter l’Amérique des gens ordinaires, celle de la classe moyenne qui trime dur, qui ne triche pas et qui aspire à une vie de famille paisible et rangée. C’est là toute la force du populisme et de ses images et symboles simples, racoleurs et profondément démagogiques qui peuvent mener des millions de personnes à voter contre leurs propres intérêts socio-économiques les plus immédiats.
Cette approche, inspirée de l’anthropologie politique, c’est aussi celle de l’essayiste américain Joe Bageant qui explique dans Deer hunting with jesus : dispatches from america’s class war que la droite républicaine américaine a su hégémoniser l’univers symbolique des travailleurs américains en voie d’appauvrissement. Comme le souligne le journaliste Nicolas Bérubé, commentant l’ouvrage, cette hégémonisation culturelle implique d’abord un passage à vide du côté des médias. Presque jamais on n’y parle de la vie quotidienne de ces millions de travailleurs. ( La Presse 14 octobre 2007).
Au Québec, cette absence des classes salariées dans les médias est désormais une donné permanente de la vie politique sauf lorsqu’il s’agit de casser du sucre sur les cols bleus ou les lock-outés sans coeur d’un cimetière qui veulent travailler quatre jours. Dans les médias québécois, il y a des consommateurs, des contribuables et depuis peu des citoyens mais jamais de travailleurs, encore moins de classe des travailleurs.
La question nationale. Encore la question nationale.
D’abord dans sa dimension immédiate c’est-à-dire identitaire. On s’est empressé de pointer du doigt la rhétorique de l’ADQ dans le dossier des soi-disant accommodements raisonnables comme potentiellement xénophobes, surfant dangereusement sur le rejet de l’autre et témoignant de ce sentiment réfractaire dont ferait preuve le Québec profond à l’endroit des nouveaux arrivants. C’est peut être aller un peu vite en affaire même s’il ne fait aucun doute que le chef de ce parti joue dangereusement sur ce thème… Démoniser l’ADQ ne doit pas faire oublier que tous les cas où des incidents ont donnés lieu à des enflures médiatiques quelquefois grotesques on retrouve une dimension religieuse. Or le Québec est l’une des sociétés du monde où le taux de pratique religieuse a chuté le plus rapidement. Après les grandes vagues des années ’60 et ’70, le phénomène s’approfondit . De 1989 à 2001, Statistique Canada (recensement 2001) note une chute de 13 % au Québec, établissant à 25 % le taux général de pratique religieuse alors qu’il était d’environ 75%.
Évidemment, l’ADQ a su, contrairement a ses adversaires péquistes et libéraux, exploiter habilement des réactions populaires. Mais son discours a été d’autant plus efficace que les différents acteurs progressistes, tant sur le plan social que politique, ont peut-être tardé à expliquer que la défense des droits individuels à l’expression religieuse doit s’arc-bouter sur l’affirmation sans équivoque du caractère laïque des institutions publiques, de l’État et de ses agents afin que jamais la religion des uns ne devienne (ou plutôt ne soit perçu) comme la loi de tous. Bref un État laïque pour une société plurielle.
Empressons-nous d’ajouter qu’il ne fait aucun doute que l’incroyable confusion qu’a révélé ce débat, dont l’émotivité témoigne bien de la profondeur identifiée, peut donner lieu à de véritables débordements. Mais de là à caricaturer Dumont comme un Le Pen ou un Pat Robertson, il y a une marge.
L’autre dimension du rapport de l’ADQ à la question nationale renvoie à la fois à son histoire, à son acte fondateur (le rapport Allaire) et à la pierre angulaire de son substrat idéologique : l’autonomisme. Tout comme le PQ, l’ADQ est né en partie d’une scission au sein du PLQ, le parti traditionnel de la classe dominante au Québec. Tout comme le PQ, c’est autour de la question nationale que s’est écrit l’acte de naissance du nouveau parti. Pour l’essentiel, le rapport Allaire (Adopté par le PLQ 1992) propose une dévolution radicale des juridictions en faveur du Québec. Dès sa fondation (janvier 1994) l’ADQ propose non seulement une remise en question des formes parlementaires britanniques de représentation, en insistant sur des modes de démocratie directe, mais suggère aussi l’adoption d’une Constitution du Québec. À sa naissance, ce parti manifeste déjà son obsession pour la question des finances publiques et surfe sur un discours générationnel autour de l’endettement. Mais il faudra attendre quelques années pour qu’il se dote d’un programme socio-économique très fortement marqué par le néolibéralisme. Bien qu’identifié au camp du OUI en 1995, tout l’effort de l’ADQ sera de se mettre en phase avec la vague de reflux de la question nationale suivant la défaite du OUI au référendum. Viendra le discours de Toronto, un acte complet de reddition, (Canadian club, 23 septembre 2002) alors que les sondages dopaient ses espoirs de prendre le pouvoir. Le dernier acte fut l’adoption par le Congrès de l’ADQ (mai 2006) de la perspective autonomiste à la fois dans la tradition de Duplessis mais surtout celle de Robert Bourassa le véritable mentor stratégique de Mario Dumont.
L’analyse attentive du contenu politique du discours autonomiste de l’ADQ renvoie à deux éléments : l’un fonctionnel, l’autre substantiel. Ce discours découle d’abord d’une nécessité politique, celle induite par la posture adéquiste sur la scène politique. Pratique, on renvoie dos à dos les deux autres vecteurs politiques, les deux vieux partis, qui proposent qui le statu quo, qui la séparation. À cet impératif de démarcation inhérent a tout parti politique s’ajoute un élément plus fondamental. L’autonomisme est l’une des plus vieilles lunes du nationalisme canadiens français, puis québécois. Un invariant idéologique de notre histoire. De Lafontaine à Dumont en passant par Mercier, Duplessis et Pierre Marc Jonhson, il mise sur l’insécurité culturelle chronique des minoritaires que nous restons, puisque toujours provinciaux. Il s’appuie sur une répudiation de l’aventure radicale des patriotes comme celle plus moderne des indépendantiste d’aujourd’hui. En ce sens Mario Dumont met en marché ce vieux fond de commerce d’insécurité.
Un substrat idéologique à contenu variable porté par un politicien très habile
Dans la besace idéologique de l’ADQ gigote trois idées et une émotion , toutes à contenu (et intensité !) variable permettant moultes interprétations. Toutes sont également porteuses d’une charge symbolique relativement lourde et d’une assez forte puissance d’évocation.
La classe moyenne
Nous avons examiné plusieurs documents distribués par l’ADQ lors de la campagne électorale et consulté le programme du parti pour constater que les pourtours de cette mystérieuse classe sociale sont rarement définis. Il est souvent question de défendre, voir de protéger la classe moyenne. Un peu à la manière des populistes conservateurs américains, on devine plutôt, au fil des lectures, qui est la classe moyenne dans l’imaginaire social de Mario Dumont. Il ne s’agit pas des plus pauvres, les assistés sociaux, qu’on veut renvoyer au travail. Ni des syndiqués qui sont habituellement associés aux privilégiés, surtout ceux de l’État. Curieusement, on parle peu des riches dans la rhétorique adéquiste. La classe moyenne dans le discours adéquiste semble vivre en famille si l’on en croit l’importance des mots familles-de-la-classe-moyenne ! On imagine facilement le reste. Précarisé par les pressions du marché du travail, oeuvrant dans le privé, travailleur plus autonome en rêve qu’en fait, assez blanc et évidemment jeune comme dans jeune-famille-de-la-classe-moyenne ! Il ne manque que le bungalow en banlieue et la tondeuse à gazon.
Plus sérieusement, on sait qu’en Amérique du Nord la classe moyenne est la classe d’accueil imaginaire de pratiquement toute la population. Un véritable enfer conceptuel pour les sociologues qui cherchent à y comprendre quelque chose. Une certitude : dans l’univers adéquiste la classe moyenne est vertueuse. Travaillante, honnête contribuable, elle se révolte devant l’égoïsme des syndiqués, la gabegie du secteur public et l’incompétence des élites-politique-coupés-du-vrai-monde. Peu de différence entre la classe moyenne québécoise selon l’évangile adéquiste et sa jumelle américaine selon le credo républicain. Sauf qu’ici la classe moyenne semble moins pieuse que sa voisine américaine ou albertaine, moins homophobe et ne boit pas de la Coors mais du vin sans doute acheté à la SAQ pas encore privatisée. Ouf !
L’insécurité
Certes, le thème de l’insécurité fait généralement partie du fond de commerce idéologique des partis de droite, la droite extrême en faisant l’un de ses principaux chevaux de bataille. L’ADQ ne fait pas exception, comme en témoigne son insistance croissante à monter en épingle les ratés du système de libération conditionnelle. Mais son propos à ce chapitre consiste à jouer dangereusement sur un autre registre de crainte : celui de l’Autre. Cette dérive possible peut mener très loin. Elle a conduit par exemple un autre parti populiste de droite dans les très tolérants Pays-Bas à de dangereuses dérives. Le mouvement politique de Pim Fortuyn s’est construit à la conjonction du populisme et de la xénophobie, surtout anti-musulmane. Évidemment, l’ADQ n’en est pas là mais la conjoncture se prête à une évolution en ce sens, surtout si les forces du progrès poursuivent leur renonciation tacite à mener (encore…) le lutte pour la laïcité et contre la xénophobie.
Mais c’est au chapitre de l’insécurité économique et sociale que l’idéologie adéquiste marque d’indiscutables succès. Nous avons déjà évoqué le malaise profond qui touche les classes moyennes, dont des pans entiers vivent une situation d’appauvrissement relatifs et qui surnagent souvent au moyen du surtravail. Ces secteurs de la population, empiriquement, semblent très sensible au discours lucide-adéquiste sur la dette ; d’autant plus facilement qu’il est unilatéralement relayé par les grands médias. La dette, essentiellement décrite comme un fardeau, est non seulement un facteur d’appauvrissement collectif mais n’a bénéficié qu’à un petit nombre au contour social et générationnel précis : les syndiqués baby-boomers. Le manifeste des solidaires (2006) et les travaux de Louis Gill (2007) ont amplement réfuté ces thèses. Nous n’y reviendrons pas. Soulignons toutefois que dès son congrès de fondation et jusqu’à l’actuel débat sur le budget du Québec (avril 2007) l’ADQ a maintenu que l’importance de la dette insécurise collectivement le devenir du Québec et précarise le destin social des jeunes générations laissées à elles-mêmes, n’ayant en héritage que cette très lourde hypothèque. Convenons que cette rhétorique a connu un constant succès et contribue à expliquer la percée de l’ADQ au sein des secteurs les plus inquiets des classes moyennes.
l’autonomie
Thème fourre-tout par excellence, il se conjugue à quatre niveaux. Celui, comme on l’a vu, qui renvoie aux rapports Québec-État canadien. Mais aussi dans le cadre des relations individus-société, entreprise-État comme celui entre les régions et le pouvoir de l’État provincial. Dis autrement, l’autonomisme, selon le contexte, signifie tantôt le nationalisme traditionnel, tantôt l’individualisme, tantôt le régionalisme et enfin la libre entreprise anti-étatique. Du néolibéralisme de la plus belle eau qui s’habille d’une valeur apparemment inoffensive sinon sympathique. Qui peut être contre l’autonomie ? Les militants et militantes de gauche, actifs sur le terrain lors de la dernière campagne électorale, ont pu constater chaque jour la puissance rassembleuse, voire racoleuse de ce thème, dont le floue intrinsèque n’a d’égale que la puissance évocatrice. Les racines du thème remontent très loin à l’aube du libéralisme classique où l’État est invariablement décrit comme liberticide. Le populisme contemporain y ajoute, le temps d’une émission de radio, la nécessaire révolte contre une classe politique jugée, dépensière, arrogante, hautaine et quelquefois corrompue.
La colère
Pas de politique populiste sans émotion, beaucoup d’émotion. Derrière l’ADQ, il y a la colère. Certes on est loin, très loin des vociférations mussolinienne et des bruits de bottes nazi. Attention à la confusion des genres. Dire que l’ADQ est populiste c’est comme dire qu’un arbre est fait en bois. Bon. Et après ? Nous avons dit la frustration sociale, la précarité économique et le désarroi culturel. Il faut ajouter pour certains la profonde lassitude, pour d’autres la révolte devant cette perception d’impuissance de la classe politique à résoudre les problèmes de la mondialisation néolibérale tels que vécus dans une petite communauté d’être humain. Il faut aussi dire l’effet cumulé de deux décennies de défaite syndicales et sociales, les centaines de fermeture d’entreprise. Il faut dire le profond, très profond désarroi des jeunes devant des catastrophes d’une ampleur inégalée comme le réchauffement climatique, ou cet état de guerre perpétuel dans lequel on cherche à nous enfermer. Il faut dire l’effet délétère dans la vie quotidienne de cette compétition accrue entre les personnes qui transforme les lieux de travail en des zones d’extrême inconfort. Et voilà qu’un jeune politicien aussi habile que télégénique vient vous dire qu’il faut chasser les vieux partis….Bref l’ADQ a su canaliser à son profit, c’est-à-dire au profit des puissants, la grogne populaire, assumant ainsi une fonction de tribun populaire qu’une gauche trop inhibée de rectitude politique, en crise de modèle et encore trop peu sûre d’elle-même a laissé en jachère. Alors faire de la surenchère populiste de gauche au populisme de droite ? Évidemment pas. Mais trouver le moyen de relayer dans la sphère publique le désarroi, la grogne et quelque fois la révolte légitime des personnes sans voix, sans pouvoir et dotées de moins en moins de ressources.
Bref…
Les dernières élections concrétisent sur le terrain politique une très importante défaite sociale, idéologique et nationale pour la gauche sociale dans son sens très large. Il faut en prendre acte sobrement et tirer immédiatement les conséquences pratiques et stratégiques qui s’imposent afin d’éviter la déroute du Québec que nous aimons : celui du progrès, de la justice sociale, de la paix et de l’indépendance.
Nul mouvement social, nulle organisation, nul parti ne peut prétendre à lui seul résister à cet axe néolibéral en voie de consolidation tant au Canada qu’au Québec. On a tous et toutes observé le prix des divisions entres les syndicats, les organisations communautaires, les péquistes de gauche et QS, etc.
Ces divisions ne peuvent se dissoudre par incantation unitaire mais par un lent travail de convergence, de tricotage et de modestes réalisations communes. Le Forum Social du Québec a été une première occasion de nous parler et de nous compter. C’est cette voie qu’il faut expérimenter me semble-t-il..