Pour les économistes, la crise majeure où est entré le capitalisme crée un premier devoir, celui de l’explication. Quelle est la nature de cette nouvelle crise ? Ressemble-t-elle à la crise des années 1970 ou est-elle une répétition de la crise de 1929 ? Derrière ces questions se profilent, celles plus générales, de la dynamique historique du capitalisme, des phases de son développement, dont la dernière en date, le néolibéralisme, et celle du dépassement du capitalisme. Une nouvelle fois, se trouve placé au premier plan des débats l’outillage théorique marxiste traditionnel, avec ses concepts de baisse du taux de profit, suraccumulation, surproduction, sous-consommation, capital fictif et, plus généralement, d’instabilité financière, sans oublier le marché mondial et l’impérialisme. Derrière ces interrogations théoriques, se dresse une montagne de mécanismes économiques et de données empiriques complexes. Outre la position hégémonique des États-Unis, désormais en question, la crise menace les pays moins avancés qui ont déjà le plus durement souffert de la mondialisation néolibérale. Par quels mécanismes ?
L’histoire du capitalisme a amplement illustré les enjeux sociaux et politiques de la succession des perturbations majeures qu’il a traversées, depuis l’époque où Marx et Engels se faisaient, dans le Manifeste Communiste, l’écho du cri de révolte des opprimés. La crise actuelle fait, une nouvelle fois, la démonstration choquante de l’extrême ambition et cupidité des classes dominantes. Elle souligne la pertinence d’une interprétation qui fait de la lutte des classes le moteur de l’histoire.
Vient enfin la question des alternatives. Quels nouveaux ordres économiques et sociaux pourront-ils s’imposer au lendemain de la crise ? Jusqu’où iront les options les plus avancées ? L’Amérique du Sud, dont certains pays ont déjà manifesté leur rébellion face à la mondialisation néolibérale, montrera-t-elle encore la voie ? La crise réveillera-t-elle, au terme de trois décennies de néolibéralisme, les vieilles utopies endormies par l’échec de toutes les formes du soviétisme et de la social-démocratie ? Ou, à l’inverse, conduira-t-elle à l’extension des interventions militaires et des guerres, et à la montée des extrêmes droites ?
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