« Libération » et Chavez

Lundi 19 novembre, Libération apportait sa contribution à la croisade anti-Chavez. En deux épisodes : page 11, rubrique « Décryptage », un article de François Meurisse. Pages « Rebonds », la publication d’une tribune sur « L’opportunisme humanitaire de Chavez ». Parmi les signataires français, on retrouve sans surprise les habitués du genre : BHL, Bruckner, Finkielkraut et Glucskman, toujours là pour stigmatiser ceux qui s’opposent à l’ordre impérialiste.

Principale accusation à charge : la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels. Ce que nos pétitionnaires traduisent immédiatement : « Ce nouveau texte constitutionnel propose la réélection indéfinie du président » ! Plus gêné, le journaliste de Libération est obligé de reconnaître que « la non-limitation des mandats est en vigueur au Royaume-Uni, en Espagne et en France ». Mais, c’est pour ajouter immédiatement que … cela n’a rien à voir ! Car là, on est en « Amérique du Sud, durement marquée par trop de passage d’hommes forts au pouvoir au XXe siècle ».

 

Rien à voir, c’est sûr, avec 30 ans de dictature franquiste en Espagne où, comme au Royaume-Uni, perdure… une monarchie héréditaire ! Cette Constitution – nos pétitionnaires en sont sûrs – est « rejetée par la majorité des Vénézuéliens ». Ceux-ci vont pourtant pouvoir se prononcer par référendum ? Certes, mais « la tenue d’un référendum ne garantira pas l’expression d’un suffrage universel impartial » ! Sans doute, vaudrait-il mieux, comme en Europe pour le traité « simplifié », décider à la place des peuples…

Horreur supplémentaire : « Le vote électronique […] se prête à toutes les manipulations. » Nos procureurs n’avaient pourtant pas jugé bon d’émettre de réserves à son utilisation… en France.

Le journaliste de Libé concède que des dispositions contestées par « des personnalités chavistes » ont finalement été retirées, que le projet de Constitution prévoit aussi la fin de l’indépendance de la banque centrale et le droit, pour l’État, de « promouvoir le développement d’un modèle économique productif au-dessus de la liberté individuelle ». Satisfaire les besoins sociaux plutôt que sauvegarder la « liberté d’entreprendre » : c’est bien cela qui fait enrager nos bons esprits !

DUVAL François

* paru dans Rouge n° 2228, 22/11/2007.

Articles récents de la revue

Notes de lecture (Hiver 2024)

Robert Leroux, Les deux universités, Paris, Éd. du Cerf, 2022, Des essais de professeurs d’université annonçant gravement la mort de l’université sont publiés depuis au moins...