30Il y a des occasions dans notre courte vie de papillon qu’il ne faut pas manquer. Ce n’est pas toujours ce à quoi on s’attend. On peut être surpris ou même déçu par rapport à ce qu’on espérait au départ. Mais au bout de la ligne, on se dit, « une chance que j’étais là »…
Depuis 2001, le Forum social mondial a navigué d’un bout à l’autre du monde. Il a été associé pendant longtemps à l’essor des mouvements populaires et des gouvernements progressistes en Amérique latine, d’où le fait qu’il a eu lieu plusieurs fois au Brésil. Il s’est déplacé en Asie, en Afrique et ailleurs dans le monde, souvent dans des conditions difficiles. Il y a eu des forums, imaginez-vous, à Bagdad, Istanbul, Karachi, Mumbai, Ramallah, Gaza, Tunis, dans ce vaste « arc des crises » où se jouent d’interminables tragédies. Le Forum s’est également promené aux États-Unis, dans plusieurs villes européennes où on a appris à mieux se connaître, à se solidariser, à fêter aussi.
En fin de compte, le Forum est un étrange animal, à géométrie variable, si on peut dire. C’est un point de rencontre pour les militants et les militantes des mouvements populaires et des partis progressistes. C’est l’occasion d’avoir de multiples dialogues intellectuels et politiques, qui permettent d’approfondir, de questionner, de « sortir » de la zone de confort où la gauche se plaît parfois trop.
C’est aussi un espace citoyen, où tous et toutes, jeunes et jeunes de cœur, sont attirés pour s’éveiller à toutes sortes de choses dont on a vaguement entendu parler : les femmes du Kurdistan, les paysans du Burkina Faso, l’agriculture urbaine dans le Bas-Saint-Laurent, et deux mille autres choses !
C’est enfin un endroit festif, avec fanfares, trompettes, performances, concerts et autres manifestations du génie humain, de tous les coins du monde. On apprend alors au-delà des mots…
En tout, à Montréal la semaine prochaine, on prévoit environ 1200 sessions et évènements durant les quatre jours en question, du 10 au 13 août, sans compter la marche d’ouverture le 9 août. Des camarades d’une centaine de pays seront présents.
Aujourd’hui, le Forum évolue dans le contexte que l’on connaît : assauts continus contre les conditions de vie des peuples (les politiques « austéritaires »), accentuation des guerres et de la militarisation, renforcement des dispositifs policiers (au nom de la « lutte contre le terrorisme »). Ce n’est plus l’environnement « joyeux » qu’on a connu il y a quelques années. Pour autant, partout et toujours, les résistances continuent. Les mouvements se redéfinissent, d’autant plus qu’ils sont forcés par les circonstances à changer, à être davantage enracinés et stratégiques. C’est tout un défi.
Au total, on vient au Forum pour y trouver ce qu’on y cherche. Pour ceux et celles qui sont impliqués dans les mouvements et les luttes, il y a des « espaces » organisé par diverses coalitions : l’espace « émancipation » (qui est l’université populaire des NCS), l’espace « éducation » (coordonné par les syndicats enseignants et les associations étudiantes), l’espace « quartier ouvrier » (sous l’égide des centrales syndicales), l’espace « solidarités internationales » (avec les ONG), et d’autres. Chacun de ces espaces offre une palette d’ateliers, de rencontres, de conférences.
C’est le temps de mettre cela à votre agenda. Vous pouvez venir une journée ou les 4 jours. On peut s’inscrire à des tarifs divers et en fin de compte, personne ne sera refusé.