Le Collectif Échec à la guerre organise un Sommet populaire contre la guerre et le militarisme, qui se tiendra à Montréal du 19 au 21 novembre 2010, et y convie les organismes de la société civile québécoise ainsi que tous les citoyens et toutes les citoyennes préoccupés par ces enjeux.
Pourquoi ce Sommet ?
En 2005, sans débat public, le nouvel Énoncé de politique internationale du gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin est venu officialiser le virage militariste de la politique étrangère canadienne qui s’est de plus en plus accentué depuis : rôle de combat des troupes canadiennes dans le sud de l’Afghanistan, accroissement vertigineux des dépenses militaires, campagnes les plus importantes de relations publiques et de recrutement de l’armée canadienne depuis la Deuxième Guerre mondiale…
Sous les deux gouvernements minoritaires de Stephen Harper, cette tendance s’est poursuivie et même accélérée avec, entre autres dérives inquiétantes :
0. l’annonce de dépenses militaires de 490 milliards de dollars pour les 20 prochaines années ; 0. la tentative de cacher la torture infligée aux prisonniers afghans ; 0. l’interdiction d’entrée au Canada à des militants et des militantes anti-guerre notoires tels le député britannique George Galloway et l’ex-colonel à la retraite de l’armée étasunienne Ann Wright. En janvier 2008, le Comité Manley – un groupe de soi-disant experts choisis par Stephen Harper – recommandait au gouvernement de poursuivre la participation canadienne à la guerre en Afghanistan à l’encontre de la volonté de la majorité de la population et ceci sans audience publique. Puis, en mars 2008, c’est le Parlement du Canada qui faisait fi de la volonté de la majorité en votant la prolongation de l’intervention militaire canadienne jusqu’en juillet 2011. On constate donc non seulement que le gouvernement ignore la volonté de la majorité de la population mais aussi que cette volonté est peu reflétée même dans les prises de position des partis d’opposition.
En juillet 2011, la guerre en Afghanistan aura duré près de dix ans. Et, si la tendance observée par l’ensemble des grands médias « d’information » se maintient, elle aura duré dix années sans que la réalité de la guerre et ses conséquences pour le peuple afghan (morts, blessés, viols, souffrances et destructions) n’aient été un sujet d’information significatif.
Il est plus que temps que tout cela cesse ! Il est plus que temps que la démocratie prévale : que la participation canadienne à la guerre en Afghanistan soit stoppée et qu’un véritable débat public s’engage sur la politique étrangère du Canada, sur le rôle de l’armée canadienne et sur les budgets qui lui sont alloués.
Les objectifs du Sommet
La tenue du Sommet populaire contre la guerre et le militarisme s’inscrit dans le prolongement du travail récent du Collectif Échec à la guerre pour faire entendre la voix de la majorité opposée à la guerre. Nous référons ici à la tenue, en février 2008, des Audiences populaires pour le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan, où 35 organismes sont venus présenter des mémoires écrits, et à la publication, en octobre 2008, d’une lettre ouverte à tous les candidats et à toutes les candidates aux élections fédérales, intitulée Sur le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan, la démocratie c’est pour quand ?
Le Sommet vise à renforcer le mouvement québécois d’opposition à la guerre et au militarisme en ce qui a trait à sa réflexion, à ses revendications et à son unité d’action. Il s’agit d’une tâche urgente. Alors que la guerre d’occupation en Afghanistan rencontre de plus en plus de résistance et qu’elle déborde maintenant sur le Pakistan, les voix favorables à une prolongation de l’intervention militaire du Canada dans cette région ont déjà commencé à se faire entendre.
Dans ce contexte, la période de préparation au Sommet et le Sommet lui-même offriront un espace et des outils pour déconstruire davantage le discours des va-t-en-guerre. Le Collectif Échec à la guerre a déjà produit une brochure en 18 questions et réponses qui demeure un outil efficace à cet égard : Le Canada dans la guerre d’occupation en Afghanistan. Mais bon nombre de Québécoises et de Québécois, par ailleurs opposés à la guerre en Afghanistan, peuvent se sentir dépourvus face à certains « arguments » de la propagande militariste tels :
0. « c’est une mission de l’ONU » 0. « il faut respecter nos engagements face à l’OTAN » 0. « le retrait immédiat serait irresponsable ».
Contrer ces arguments exige d’examiner plus à fond des sujets importants sur lesquels les gens disposent généralement de peu d’information : l’ONU, l’OTAN et les questions de guerre et de paix à notre époque. La compréhension commune de ces grands enjeux devient une nécessité au sein du mouvement citoyen opposé à la guerre s’il veut être en mesure de contribuer à transformer le courant d’opinion majoritaire contre la guerre en une force capable d’obtenir le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan et de remettre en question l’alignement de la politique étrangère canadienne sur celle de l’empire étasunien.
La préparation du Sommet
En vue d’alimenter la discussion d’ici le Sommet, le Comité de suivi du Collectif Échec à la guerre a produit quatre textes, disponibles sur notre site Internet et sous forme de fascicules.
Les principaux sujets traités seront :
0. L’OTAN, bras armé de l’empire étasunien dans le monde 0. Le Conseil de sécurité de l’ONU et la mise à mal du droit international 0. Le virage militariste de la politique étrangère canadienne, les dépenses militaires et le commerce des armes 0. Femmes et guerre : contre l’instrumentalisation des droits des femmes pour justifier la guerre
Plusieurs autres documents de sources diverses seront également disponibles sur le site du Collectif afin d’alimenter la réflexion en préparation du Sommet.
Le projet de Déclaration commune
Lors du Sommet, une Déclaration commune de notre mouvement prenant position sur les enjeux mentionnés ci-haut, sera rendu publique. L’objectif visé ici est que, d’ici au Sommet, cette Déclaration soit débattue et endossée par le plus grand nombre d’organismes. La Déclaration offrira donc un cadre bien concret pour le débat au sein des divers organismes, alimenté par les documents de réflexion.
Et le Sommet, lui-même ?
Le Sommet aura lieu à Montréal, du 19 au 21 novembre 2010. Il sera l’aboutissement de tout ce travail de préparation, ainsi qu’un moment privilégié d’information et de convergence.